Les chevaux au chevet des militaires

490365460

Grâce à la médiation animale, certains militaires qui souffrent de troubles physiques ou psychologiques peuvent bénéficier d’une aide thérapeutique et ainsi retrouver un certain bien-être et une confiance en eux. Les stages d’équitation adaptée du CNSD de Fontainebleau en témoignent. Reportage.

Le Centre national des sports de la Défense (CNSD) de Fontainebleau organise depuis 2015 des stages d’équitation adaptée dans le cadre de la reconstruction par le sport des militaires blessés en service ou en mission. Ce programme s’appuie sur la médiation équine pour favoriser le bien-être, la confiance et le dépassement de soi. Chaque année, six stages de cinq jours accueillent au CNSD des militaires blessés. Ils sont animés par l’adjudant Renaud, référent national en équitation adaptée dans les Armées. Immersion.

Jour 1

« Les stagiaires sont accueillis au Centre le lundi à partir de 10 heures, plutôt que le dimanche soir pour éviter de raviver le souvenir douloureux de leurs départs en mission qui se faisaient habituellement en fin de week-end », note d’emblée l’adjudant Renaud. Un psychologue du service de santé des Armées est présent tout au long de la semaine ainsi que des militaires volontaires de la filière équestre qui seront les binômes-aidants de chaque blessé. À 14 heures, après un briefing sur le déroulé et les règles du stage, les participants visitent le CNSD et l’École militaire d’équitation (EME) « afin de s’acclimater aux lieux, aux équipements et éviter ainsi tout stress ».

Armées : comment bénéficier de séances d’équitation adaptée ?

Dans chaque armée, des cellules d’aide aux blessés et d’assistance aux familles (CABAM, CABAT, CABMSSA, CABMF Air et BASBH pour la gendarmerie) identifient les militaires blessés. Elles prennent contact avec eux et leur proposent, lors de leur parcours de reconstruction, de participer à des stages d’équitation adaptée. Ceux qui le souhaitent sont mis en relation avec l’adjudant Renaud, référent national en équitation adaptée dans les Armées. Après la présentation d’un certificat de non contre-indication à l’équitation adaptée, les candidats sont inscrits à l’un des six stages annuels. Selon le handicap ou les attentes du blessé, le stage peut être fait à pied sans avoir à monter à cheval.

Jour 2

À 8 heures, les stagiaires sont invités à observer et analyser les comportements d’une dizaine de poneys lâchés dans le petit manège de l’EME avant de les rejoindre dans l’enclos. « C’est l’occasion de comparer l’attitude des animaux en groupe à celui des humains. Les notions de communication, d’intégration et d’hypervigilance sont alors mises en avant ». Chaque stagiaire doit ensuite choisir un des poneys. « Généralement, le caractère de l’animal choisi reflète l’état d’esprit des stagiaires. Cela me permet de déterminer le cheval que je vais leur attribuer ». En compagnie de leur binôme-aidant, les participants effectuent un parcours à pied avec leur monture. Ils le reproduisent une deuxième fois les yeux fermés avant que les rôles ne soient inversés avec les aidants. « Cet exercice favorise le bien-être et le dépassement de soi, puis le lâcher prise et l’interaction ». L’après-midi, c’est la cohésion de groupe qui est recherchée pour guider un cheval en liberté afin de lui faire passer des « portes ». Un exercice qui se poursuit, mais cette fois sans parler, laissant ainsi place à la communication corporelle.

Le caractère de l’animal choisi reflète l’état d’esprit des stagiaires
Adjudant Renaud référent national en équitation adaptée dans les Armées

Jour 3

La matinée du mercredi est consacrée à la première mise à cheval dans le manège, un lieu fermé et sécurisant à l’abri des nuisances de l’extérieur. « C’est l’occasion d’apprendre les rudiments de l’équitation et de devenir acteur de la situation ». L’après-midi, une activité en attelage à l’extérieur permet d’éprouver la sensation de maîtrise et la puissance du cheval. C’est aussi l’occasion de ressentir un certain bien-être et la possibilité de communiquer avec les passants, toujours curieux à la vue d’un défilé attelé.

Jour 4

La journée débute par un parcours à cheval avec des exercices (slalom, passage de barres au sol…). Elle se poursuit par une promenade à cheval, la première en pleine nature dans la forêt de Fontainebleau. Les échanges se multiplient, « on voit alors beaucoup de sourires, de rires et des plaisanteries entre stagiaires », relève l’adjudant Renaud.

On voit alors beaucoup de sourires, de rires et des plaisanteries
Adjudant Renaud référent national en équitation adaptée dans les Armées

Jour 5

Le vendredi, un débriefing de la semaine est réalisé, suivi de l’intervention d’une autorité du CNSD. « C’est un moment important pour les stagiaires qui s’estiment ainsi écoutés et pris en compte par l’institution », note l’adjudant Renaud. Il reconnaît cependant qu’il est difficile d’évaluer l’impact de ce type de programme, « mais jusqu’ici aucun participant n’est parti en cours de stage et on les revoit souvent par la suite dans d’autres stages d’activités sportives ». S’ils le souhaitent, un deuxième niveau de stage leur est proposé en présence de leur famille ou d’un proche.

Comment devient-on accompagnateur en équitation adaptée ?

Pour être accompagnateur ou aidant, plusieurs formations existent. A minima, la première est celle de moniteur d’équitation. Mais la Fédération française d’équitation délivre des diplômes spécialisés : un Brevet Fédéral d’Encadrement Équi-Handi (BFEEH) existant avec deux mentions Handi mental et Handi moteur ou sensoriel et, depuis peu, une formation qualifiante de professionnalisation et spécialisation en Médiation avec les équidés (MAE). Par ailleurs, il est possible de passer le diplôme d’équicien reconnu au niveau européen et qui est centré sur la mise en relation d’une personne en situation de handicap, ou de fragilité, avec des équidés.

Les stages en images

  1. Premier contact avec les chevaux

    1678268696827.jpg

  2. Fini le manège, direction la forêt

    1678268358710.jpg

  3. L'adjudant Renaud en pleines explications

    1678268696811.jpg

Avez-vous aimé cet article ? 5 4 3 2 1