Jean-Louis B. a fait presque toute sa carrière en unités de recherche. Il s’agit de l’équivalent, côté gendarmerie, de la police judiciaire. Fraîchement retraité, il nous partage son expérience.
Jean-Louis B. a fait presque toute sa carrière en unités de recherche. Il s’agit de l’équivalent, côté gendarmerie, de la police judiciaire. Fraîchement retraité, il nous partage son expérience.
Je suis un gendarme spécialisé, puisque j’appartenais à une unité de recherches.
Pour faire partie d’une telle brigade, il faut déjà avoir fait ses preuves et avoir le goût du judiciaire. Quand j’ai commencé, nous menions nos enquêtes sur le terrain, en cherchant des renseignements.
Puis notre métier est devenu de plus en plus technique. Aujourd’hui, de nombreuses enquêtes sont résolues grâce à l’ADN, par exemple. Mais j’ai le sentiment que les gendarmes pourraient retourner un peu plus sur le terrain, pour être encore plus efficaces.
Aller voir les plus anciens, cela permet parfois d’accélérer la résolution des affaires.
En discutant avec des collègues, il est possible d’obtenir certains renseignements sur une affaire en cours, sur des malfrats, de mieux comprendre les choses.
Et c’est précieux d’avoir l’éclairage d’une autre personne. Ensemble, nous sommes plus efficaces. Nous devons être excellents car nous sommes toujours en lutte, en lutte contre le milieu, contre la drogue, contre le terrorisme…
Tout le monde n’a pas forcément l’esprit militaire. En ce qui me concerne, je suis fidèle mais non discipliné.
En revanche, il faut pouvoir obéir aux ordres donnés et en même temps, conserver un certain esprit d’initiative.
Il s’agit de rester humble et proche des gens, ne pas avoir de mépris, garder du bon sens et surtout ne pas jouer au cowboy ! Sans oublier le français : il faut savoir très bien écrire, pour ne pas être la risée des collègues.
En tant que gendarme c'est important d’être capable de parler avec tout le monde, à la fois les voyous et les parents de victimes. Ce sens du contact humain est indispensable. Connaître toutes les couches de la société est important : il faut être capable de naviguer sans problème d’un milieu interlope à une réception à la sous-préfecture…
Rester calme
Le plus difficile est sans doute de réussir à ne pas répondre à la violence des manifestants, de les respecter même quand ils nous invectivent. Pour cela, il existe notre formation de gendarme, durant laquelle nous apprenons à recevoir des insultes et à ne pas réagir.
Et il y a aussi le niveau de fatigue, auquel il convient de faire extrêmement attention, afin de garder la tête froide. Et ce, même après avoir passé des heures à recevoir insultes et projectiles.
Heureusement, même s’ils ne sont pas aux 35h, les gendarmes d’aujourd’hui ont un peu plus de temps libre, ce qui leur permet de se ressourcer.
Enfin, il me semble que les gendarmes sont le baromètre de la société : quand trop de choses sont reprochées aux gendarmes, c’est que la société va mal.
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