Prix « égalité des chances » : Circonscription de Fort-de-France 1, Martinique
Une méthode d’enseignement « explicite » pour favoriser l’apprentissage
En France, les élèves issus d’un milieu défavorisé ont moins de chances de réussir à l’école que les autres. Afin de lutter contre l'échec scolaire, la circonscription de Fort-de-France en Martinique, a mis en place des tests d’enseignement explicite en mathématiques dans plusieurs classes. Une approche innovante pour favoriser l’égalité des chances.
Une initiative collaborative pour favoriser l’égalité des chances
L’Éducation Nationale s’est fixée pour objectif de réduire à moins de 10% les écarts de résultats entre les élèves des réseaux de l’éducation prioritaire et les autres. Les résultats mathématiques de la circonscription de FDF1, dont la majorité des établissements est classée REP et REP+, sont faibles. Ainsi, l’Inspé de Martinique, en association avec l’Inspé de Strasbourg, le laboratoire CRREF (Centre de recherches et de ressources en éducation et formation), l’université des Antilles et le laboratoire LISEC (Laboratoire inter universitaire des sciences de l’éducation et de la communication) de l’université de Strasbourg, a mis en place un projet éducatif inédit en France : tester l’efficacité de l’enseignement explicite par rapport à un enseignement socioconstructiviste dans des classes de CE1, CM1 et CM2 en REP et REP+. Le sujet à travailler ? La technique opératoire de la soustraction, de la division et de la notion d’aire.
L’enseignement explicite, un atout pour lutter contre l’échec scolaire
La méthode d’enseignement explicite a déjà montré son efficacité au Canada et aux États-Unis auprès d’élèves en difficulté. Mais elle reste encore abstraite pour bon nombre d’enseignants français.
Les leçons pensées de manière socioconstructiviste sont structurées en 4 étapes : la situation de découverte, la mise en commun, l’institutionnalisation du savoir et enfin la consolidation et l'entraînement. Celles établies selon l’enseignement explicite se décomposent en 3 étapes : le modelage, la pratique guidée, la pratique autonome.
Un projet expérimental à grande échelle
Ce sont quelques 1022 élèves (26 classes de CE1, 14 classes de CM1, 25 classes de CM2) qui ont participé à 3 études sur le sujet. Les classes ont été assignées au hasard à l’une d’elles (socioconstructiviste, enseignement explicite ou groupe contrôle), puis ont été guidées dans un processus en 3 étapes : un pré-test, des leçons quotidiennes dispensées selon l’une ou l’autre des méthodes, et un post-test.
Les résultats montrent que la méthode d'enseignement a un effet significatif sur la notion apprise. Par exemple, pour les CE1 (moyenne sur 10 points), le groupe contrôle (91 élèves) obtient des moyennes de 1,28 et 4,23 en pré et post-test. Celui qui a appris la leçon par le modèle socioconstructiviste : 1,54 et 6,38. Tandis que le dernier, qui était soumis à l’enseignement explicite, était noté 1,19 en pré-test et 7,77 en post-test.
Après la Martinique, et afin d’aller encore plus loin dans l’analyse des résultats, de nouveaux tests devraient être menés par l’académie de Strasbourg sur le sujet des nombres décimaux. Cette étude apporte déjà des éclairages intéressants pour lutter contre l’échec scolaire et agir en faveur de l’égalité des chances. Ce n’est donc qu’un début !