Prix Chercheurs en Actes : retour sur les lauréats des éditions précédentes

Professeure des écoles avec ses élèves

Lancé en octobre 2019 et placé sous le patronage du Ministère de l’Education nationale et de la Jeunesse, le Prix Chercheurs en Actes récompense les actions et les expérimentations concrètes visant à la réussite scolaire de tous les élèves. Retour sur les lauréats des premières éditions. 

Le palmarès 2022

  1. Prix « égalité des chances » : Réseau d’écoles de Dammarie-lès-Lys, Académie de Créteil

    Les écoles de grande ruralité en réseau

    Lancé en 2019, le projet « école numérique et médias » (ENUM) a pour but de lutter contre l’isolement et la fracture numérique subis par les écoles de grande ruralité. Dans l’Académie de Créteil (77), le réseau d'écoles de Dammarie-lès-Lys a développé un projet innovant pour offrir à tous les élèves les mêmes opportunités pédagogiques et créatives.

    En France, les écoles primaires dépendent financièrement des communes. Plus elles sont petites et isolées, moins elles disposent de soutien aux projets éducatifs.

    Le projet ENUM soutient les projets éducatifs d’écoles isolées et favorise la création d’un réseau d’écoles reliées numériquement. Au programme : un travail quotidien avec les médias, un nouveau paradigme de classe favorisant des relations d’enseignement plus coopératives, l'inclusion d'élèves en difficulté, l’ouverture aux autres et au monde extérieur.

    Un diagnostic et une approche collectives

    Pour déterminer l’approche la plus adaptée à l’âge des élèves, dont les plus jeunes ont 3 ans, le réseau s’est appuyé sur les travaux de spécialistes en éducation aux médias, sociologue, docteur en Sciences de l’information et de la communication, ou encore membre du Conseil Scientifique de l’Éducation Nationale. Grâce aux travaux de l’IGEN et du CSEN, il a également étudié la gouvernance des écoles et leur poids, dans la réalité de la grande ruralité. 

    Améliorer la qualité de l’apprentissage

    Le projet ENUM repose sur trois piliers : la formation des enseignants, l’équipement des écoles, et l’autonomisation des élèves. Les enseignants ont ainsi été formés, via un site internet commun à toutes les écoles, à l’utilisation d’outils de visio-conférence, de plateformes de mise en commun, de logiciels permettant la réalisation de capsules vidéo, de streaming, de broadcast et d’effets spéciaux. 

    La valeur ajoutée de ce projet réside dans l’articulation de tous ces éléments, permettant de dispenser des apprentissages de qualité dès la maternelle dans des conditions d’enseignement qui peuvent être plus difficiles. 

    Un impact très positif sur les élèves

    Au contact d’enseignants bien formés, les élèves ont peu à peu gagné en autonomie face aux instruments mis à leur disposition. Ils ont appris à gérer leur identité en ligne et à collaborer ensemble, en classe comme à distance. Appréhender les mathématiques en développant un jeu vidéo 3D ou intégrer le programme d’histoire et la maîtrise de la langue en réalisant un dessin animé, chaque projet pédagogique (10 au total) a été savamment pensé. 

    L’emploi du numérique et la pédagogie active ont permis aux élèves, notamment à plusieurs décrocheurs, de mieux réussir. Aisance à l’oral, développement de l’esprit critique, processus de socialisation, maîtrise de la langue, les élèves reliés au réseau ENUM obtiennent de très bons résultats.

    De belles ambitions pour 2025

    Aujourd’hui, l'ENUM ne concerne que le réseau d'écoles de grande ruralité de Dammarie-lès-Lys. L’objectif est de déployer un plan de formation plus large pour favoriser l'échange et l'inclusion. Parmi les ambitions 2025, on compte le décloisonnement à l’échelle du département, et l’intégration des intelligences artificielles dans l'accompagnement des élèves.

    L’ENUM reçoit ainsi le Prix Chercheurs en Actes 2022 dans la catégorie « égalité des chances » 
     

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  2. Prix « handicap et scolarité inclusive » : IREM de Paris, Académie de Paris

    Enseigner les maths, en langue des signes

    Face aux difficultés rencontrées par les élèves sourds et malentendants dans leurs apprentissages, l'Institut de Recherche sur l'Enseignement des Mathématiques (IREM) de Paris propose aux enseignants des enregistrements vidéo en Langue des signes française (LSF) en classe de mathématiques. 

    En France, plus de 10 000 élèves sourds ou malentendants accèdent difficilement à l’apprentissage des mathématiques. Beaucoup ne comprennent pas bien les énoncés, rédigent maladroitement leurs solutions, et doivent cependant préparer les examens nationaux en français. Avec l’aide de l’IREM de Paris et de chercheurs de l’Université de Paris et d’Aix-Marseille, deux établissements ont mobilisé des classes de cycle 4 pour mesurer l’efficacité du recours à la vidéo en LSF, en termes de mise en activité, de compréhension, et de passage à l’écrit. 

    Un dispositif vertueux accueilli avec enthousiasme

    L'élaboration d'un énoncé en LSF sur support vidéo a constitué un progrès unanimement salué par les professeurs et les élèves. Il a permis une compréhension immédiate de la consigne, et a offert aux élèves la possibilité de résoudre plus facilement les problèmes. Résultat : sept élèves ont réussi l'activité effectuée en LSF, contre trois selon les modalités habituelles. Par ailleurs, les élèves étaient bien plus prolixes et clairs dans leurs productions en LSF que dans leurs productions en français.  

    Préparer les élèves aux examens écrits

    Afin d’aller plus loin et de préparer les élèves sourds et malentendants aux examens, l’IREM de Paris souhaite poursuivre ce travail pour pouvoir passer à l'écrit, en collectant notamment des informations sur l’enseignement des mathématiques en langue des signes aux Etats-Unis (en avance dans ce domaine).

    L’IREM de Paris reçoit ainsi le Prix Chercheurs en Actes 2022 dans la catégorie « Handicap et scolarité inclusive ». 

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  3. Prix « confiance en soi et compétences socio-comportementales » :Lycée des métiers Louise Michel, Académie de Grenoble

    La psychologie positive

    À Grenoble, le lycée des métiers Louise Michel est parti d’un constat factuel : le climat scolaire se détériore, au détriment du bien-être et de la confiance en soi des élèves comme des enseignants. La solution étudiée ? Former des professeurs et des élèves à un programme de psychologie positive.

    Au lycée des métiers grenoblois, 22 enseignants ont été formés pour mettre en place une intervention de psychologie positive dans 11 classes, en intégrant les élèves dans leur démarche. Une expérience menée en partenariat avec des chercheurs de l’Université Grenoble Alpes, basée sur des outils comme les forces personnelles, les pratiques de présence attentive, le développement des compétences psychosociales (CPS), l’approche centrée solution ou l’autonomie des participants. 

    Pour plus d’efficacité, chaque classe a respecté 5 étapes distinctes et complémentaires : identifier et développer un langage commun des forces, réfléchir aux forces des autres, reconnaitre et développer ses propres forces, trouver de nouvelles manières de les activer notamment en cas de difficulté, célébrer et cultiver les forces du groupe. 

    Des résultats positifs très encourageants

    Les mesures de l’efficacité de l’action ont eu lieu avant l’intervention, juste après, et 2 mois plus tard, et elles présentent des résultats très encourageants. Une plus grande motivation et de meilleures compétences émotionnelles chez les professeurs. Une plus grande motivation, une meilleure estime de soi, et un effet durable d’amélioration des compétences sociales chez les élèves. L’analyse qualitative menée en fin de projet auprès des enseignants et des élèves révèle le rôle important joué par les supports proposés et l’accompagnement des enseignants.

    De nouveaux projets sans frontière

    L’opération ne s’arrête pas là : des actions collaboratives avec d’autres lycées voisins et européens via un projet Erasmus+ sont également envisagées, ainsi que des conférences, formations et programmes pour les équipes éducatives et les jeunes. Ce projet pourrait par ailleurs être adapté dans le premier degré, pour diffuser ces pratiques au sein des enseignants et de leurs élèves dès leur plus jeune âge. 

    Cette initiative visant à améliorer le climat scolaire a été récompensée par le Prix Chercheurs en Actes 2022 dans la catégorie « confiance en soi et compétences socio-comportementales ». 
     

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  4. Prix « évaluation et intervention pédagogique » : Collèges Victor Hugo et Jean Hay, Académies d’Amiens et de Poitiers

    Enseigner aux élèves comment apprendre

    Transmettre aux élèves les clés, les méthodes et les outils pour apprendre n’est pas toujours chose facile. Des enseignants des collèges Victor Hugo (80) et Jean Hay (17), ont testé des séances pédagogiques auprès de leurs élèves, pour les sensibiliser au fonctionnement et au rôle du cerveau dans l’apprentissage.

    Un projet pour l’égalité des chances

    Pour rétablir l’égalité des chances entre les élèves, les collèges Victor Hugo et Jean Hay ont participé à une expérience en collaboration avec le Laboratoire de Psychologie du Développement et de l’Éducation (LaPsyDE) et le site pédagogique des enseignants Lea.fr. Au programme, six séances pédagogiques pour expliquer aux élèves le fonctionnement de leur cerveau, de la plasticité cérébrale à l’attention, en passant par la mémorisation et les émotions. 

    L’objectif ? Leur enseigner comment apprendre. Un savoir-faire essentiel pour rétablir l’égalité des chances, auprès d’élèves de milieux sociaux-culturels différents. Cette initiative collaborative, qui s’appuie sur de nombreux travaux scientifiques dédiés au cerveau et à l’apprentissage, concerne les collèges à l’échelle nationale. 

    Une méthode pédagogique structurée

    Tester l’efficacité de six séances hebdomadaires de 30 à 40 minutes chacune, voilà ce à quoi se sont engagés les 265 enseignants et 2400 élèves participants. Afin de pouvoir mesurer précisément les résultats de l’expérience, les enseignants ont pris en charge deux groupes différents : un groupe « expérimental » qui testait les six séances, et un groupe « contrôle » qui ne les testait pas. 

    Le déroulé de chaque séance a suivi les recommandations des sciences cognitives en termes d'attention (durée de la séance, documents épurés, vidéos attrayantes mais non distrayantes), d'engagement actif (différentes activités proposées aux élèves), de mémorisation (fiche en fin de séance et réactivation des connaissances lors des séances suivantes).

    Des résultats très encourageants

    Les élèves ayant suivi les séances pédagogiques montrent de meilleures connaissances sur le cerveau et une conception moins fixiste de l’intelligence que celle des élèves du groupe « contrôle ». 

    Comprendre le fonctionnement et le rôle de leur cerveau dans toutes les pratiques et les activités de leur vie, permet aux élèves d’être moins fatalistes et de prendre conscience des progressions possibles et de leur potentiel de réussite. Du côté des élèves participants, 96% ont accueilli le projet très positivement. Côté enseignants, 97% souhaitent reproduire les séances, 67% désirent une ouverture à plus de séances et 87% ont envie de se former pour aller plus loin sur cette thématique.

    Renforcer les supports et les outils pédagogiques

    Suite à ces résultats très encourageants, les deux collèges ont décidé de créer de nouvelles séances offrant aux enseignants et à leurs élèves, un choix plus large et des actions plus ciblées en fonction des besoins de chacun. 

    Parmi les sujets abordés, on trouve par exemple les besoins fondamentaux du cerveau (nutrition, activité physique, sommeil, bienveillance) ou encore une séance consacrée à la détection des infox, sujet important dans le contexte actuel. 

    Les collèges Victor Hugo et Jean Hay remportent ainsi le Prix Chercheurs en Actes 2022, dans la catégorie « évaluation et intervention pédagogique ».
     

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Le palmarès 2021

  1. Prix « égalité des chances » : Ecole Charles de Gaulle, Académie de Dijon

    Comment redonner envie d’apprendre l’orthographe ?

    C’est la problématique à laquelle l’école Charles de Gaulle du Creusot (académie de Dijon) a souhaité répondre en s’associant à l’Opération Enthousiasme Orthographique. L’objectif ? Mettre à disposition des professeurs des outils innovants pour enseigner l’orthographe avec enthousiasme.

    Opération Enthousiasme Orthographique

    © Opération Enthousiasme Orthographique

    En 1987, 25 % des élèves de CM2 faisaient 15 erreurs et plus dans une dictée type de 10 lignes ; ils étaient 57 % aux derniers tests nationaux (DEPP 2015). Face à cette situation, des enseignants, orthophonistes, inspecteurs, chercheurs, étudiants, créatifs… ont cherché des solutions destinées à réenchanter l’apprentissage d’une matière trop souvent « mal aimée » : l’orthographe.

    Rendre l’apprentissage plus ludique

    En recoupant les expériences professionnelles de chacun et les résultats d’études des neurosciences et sciences cognitives, ce groupe pluriprofessionnel a formalisé de grands principes pour réussir l’apprentissage de l’orthographe. Puis ils ont imaginé, conçu et testé des outils innovants tels que l’arbre programmatique de l’orthographe, les comptines phonèmes, les images orthographiques, le rituel de la boîte mémoire ou le programme Lecture-Ecriture Orthographiée.

    Engagement et motivation : des facteurs de réussite

    L’approche est basée sur la mémoire et l’enthousiasme. Il s’agit d’embarquer les élèves afin d’obtenir de la motivation, de l’attention, de l’engagement et donc faciliter la consolidation et la mémoire. L’acquisition de l’orthographe est en effet un acte personnel qui dépend peu de l’enseignant. Seul l’élève peut mémoriser l’orthographe des mots. En revanche, l’enseignant peut l’accompagner dans cet apprentissage s’il dispose d’outils efficaces pour attirer son attention.

    Des premiers résultats enthousiasmants

    652 enfants et 32 enseignants ont testé pendant l’année scolaire 2019-2020 le rituel de la boîte mémoire et l’arbre programmatique associé aux cartes d’encodage. Les premiers résultats sont encourageants puisque pour l’outil de la boîte mémoire, 98 % des élèves se déclarent enthousiasmés par cette pratique de l’orthographe et 100 % des enseignants ont été conquis. 

    Et l’opération ne s’arrête pas là : cette année, deux expérimentations sont lancées avec 59 enseignants et 1 359 élèves. 

    Ces outils innovants destinés à faire apprendre l’orthographe avec enthousiasme ont permis à l’école Charles de Gaulle d’obtenir le Prix Chercheurs en Actes 2021, dans la catégorie « Égalité des chances ».
     

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  2. Prix « handicap et scolarité inclusive » : Groupe Achile, Académie de Bordeaux

    Pour une meilleure inclusion de tous les élèves à l’école

    Le projet Achile (qui concerne 4 écoles de Bordeaux) vise à répondre aux problématiques d’apprentissage des élèves et de développement professionnel des enseignants qui se posent en milieu scolaire très hétérogène.

    Quels sont les caractéristiques et les besoins spécifiques des classes avec des profils d’élèves très différents ? Quels leviers peuvent contribuer à une meilleure inclusion de tous les élèves ? Dans des classes très hétérogènes, les enseignants sont exposés à des parcours scolaires et des niveaux d’acquisition très divers. Ils doivent tenir compte des différences linguistiques et socioculturelles afin d’adapter leur enseignement et favoriser ainsi l’inclusion de chacun, au service de tous. C’est le constat qui a été fait par des membres de la circonscription de Bordeaux Sud, à l’initiative du projet Achile (Allophonie Coopération Hétérogénéité Interactions Langage à l'École), en 2019.

    Répondre aux problématiques d’apprentissage

    Achile réunit des enseignants de quatre écoles élémentaires de Bordeaux (secteur de la gare de Bordeaux), deux conseillères pédagogiques ainsi que des formateurs et des chercheurs de différentes institutions. Ensemble, ils cherchent à répondre aux problématiques d’apprentissage et de développement professionnel qui se posent dans les milieux scolaires très hétérogènes, notamment dans des classes accueillant un nombre significatif d’élèves allophones. Pendant trois ans, ces acteurs vont réfléchir à la façon de mieux enseigner dans ce contexte de classe, s’intéressant plus particulièrement à l’accueil des élèves allophones.

    Créer une pédagogie coopérative

    Concrètement, le projet Achile a pour vocation de développer les pratiques collaboratives dans les écoles, aussi bien au sein de l’équipe enseignante que dans les classes, avec deux objectifs. Tout d’abord, pour qu’il y ait plus de cohérence et une meilleure complémentarité au sein des équipes éducatives entre le dispositif UPE2A* et le suivi en classe ordinaire. Et ensuite pour une meilleure inclusion de tous les élèves quels que soient leur niveau et leur parcours plurilingue.

    Faire de la diversité un facteur positif au sein de la classe

    Achile vise à amener les enseignants à penser autrement l’enseignement quand ils sont exposés à divers profils d’élèves. Pour cela, ils recevront des formations qui seront l’occasion de mutualiser leurs compétences et d’engager des pistes de travail. Ils travailleront sur la place à accorder à l’oral et à l’écrit pour apprendre la langue et les savoirs disciplinaires ainsi que sur la manière de faciliter l’apprentissage notamment en ajustant les situations, les outils, les ressources, les supports et les modes d’accompagnement.

    Cette volonté de contribuer à l’inclusion de tous via le projet Achile (porté par une équipe plurielle) a été récompensée par le Prix Chercheurs en Actes 2021 dans la catégorie « Handicap et scolarité inclusive ».

    * Unités pédagogiques pour élèves allophones arrivants.

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  3. Prix « métacognition et confiance en soi » : Collège Jean Rostand, Académie de Dijon

    Agir sur la qualité de vie à l’école

    À Quetigny, le collège Jean Rostand (académie de Dijon) mène une expérience sur les rythmes scolaires et les espaces d’apprentissage, et développe un programme d’enseignement sur l’attention (ATOLE), avec pour objectif d’améliorer le bien-être des élèves et de l’équipe pédagogique.

    Établissement ouvert à la recherche, le collège Jean Rostand a lancé TEAMS (Temps et Espaces d’Apprentissage en Milieu Scolaire). Cette initiative s’inscrit dans le cadre de son projet d’établissement autour du bien-être. Elle vise à observer en quoi la modification des espaces d’apprentissage et des rythmes de travail peut améliorer les conditions d’apprentissage et l’écoute entre tous les acteurs au sein de l’établissement dans le but d’offrir un meilleur épanouissement des élèves et des professionnels.

    Faire bouger les lignes des conditions d’apprentissage des élèves

    En 2021, les horaires de deux classes de 6e ont été aménagés différemment des autres classes, avec des séquences d’enseignement de 45 minutes au lieu de 55 minutes. Les élèves avaient la possibilité d’investir les temps de pause comme ils l’entendaient, avec les activités qu’ils souhaitaient (discussions informelles avec les enseignants ou avec leurs camarades, jeux, lectures...) tant qu’ils respectaient les règles de l’établissement.

    L’objectif visé n’est pas tant d’améliorer directement la réussite scolaire des élèves, mais plutôt de permettre une amélioration de leurs conditions d’apprentissage, en essayant de comprendre comment le cadre de vie de l’école impacte leur qualité de vie dans l’établissement, dans la classe et dans les relations avec leurs camarades.

    Vers une meilleure qualité de vie des élèves et des professionnels

    L’équipe enseignante, qui est formée sur l’attention (ATOLE), bénéficie des conseils de J.-P Lachaux et Bénédicte Terrier et l’évaluation du dispositif est menée à différents niveaux pendant 3 ans en collaboration avec l'IREDU (Institut de Recherche sur l'Éducation). Dans un premier temps : observation de la mise en place du dispositif sur le terrain, puis : évaluation des changements de pratiques des enseignants et enfin : mesure des impacts sur les méthodes de travail des élèves. 

    Une première expérimentation avec deux classes de 4e avait déjà été mise en place à la rentrée 2019. Malgré le confinement du printemps 2020, elle a permis de faire une première observation : les élèves de la classe expérimentale de 4e ont été beaucoup moins absents ou en retard, mais aussi moins sanctionnés que les élèves des autres classes. 

    Cette volonté d’améliorer le bien-être des élèves et de l’équipe pédagogique en modifiant les espaces d’apprentissage et les rythmes de travail a été récompensée par le Prix Chercheurs en Actes 2021, dans la catégorie « Métacognition et confiance en soi ».

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  4. Prix « évaluation et intervention pédagogique » : Direction des services départementaux de l'Éducation nationale, Académie de Poitiers

    Prévenir l’illettrisme avec des ateliers de narration

    À Niort, l’atelier de narration « Narr’actif » de la Direction des Services Départementaux de l’Éducation nationale (DSDEN) vise à accompagner les élèves de CP en difficulté de langage.

    Depuis plusieurs années, des enseignants, enseignants spécialisés et inspecteurs constatent une augmentation des cas d’élèves en difficulté, en particulier dans les zones rurales. Peu réceptifs aux différentes formes d’aides proposées, ils se retrouvent dans l’embarras pour l’acquisition des compétences essentielles à la maîtrise du langage. Une situation qui risque de les conduire en situation d’illettrisme à l’âge adulte.

    Les enjeux de la maîtrise de la langue chez les jeunes élèves

    Afin de répondre à cette problématique, des travaux ont étudié les liens entre le développement des compétences narratives orales et les premiers acquis de l’écriture. Il a été ainsi démontré que les enfants qui ont eu un retard dans l’acquisition du langage rencontrent plus de difficultés dans l’exercice de l’écriture et, à l’inverse, que les enfants qui lisent peu s’expriment plus difficilement.

    Des ateliers de narration ciblés pour prévenir les difficultés d’apprentissage 

    Face à ce constat, le service « école inclusive » de la Direction des Services Départementaux de l’Éducation nationale (DSDEN) de Niort a décidé de tester l’hypothèse selon laquelle un entrainement basé sur l’identification des caractéristiques clés d’une narration permettrait d’améliorer les capacités d’expression des jeunes élèves en difficulté de langage. Elle a créé un outil facile à mettre en œuvre par les enseignants : l’atelier Narr'actif. Cette activité de narration, qui fonctionne sur le principe de la conversation, est destinée aux élèves de CP. À partir de 7 albums sans texte, les enseignants invitent les élèves à s’exprimer lors de 2 séances par semaine pour un même album, dont la seconde est de type interventionniste (questions sur les causes, évènements, motivations des comportements), d’une demi-heure sur une période de 7 semaines consécutives. 

    L'atelier Narr'actif a été expérimenté auprès d'élèves de CP. Les premiers résultats indiquent clairement l’efficacité d’une intervention ciblée sur le développement des compétences langagières des élèves en difficulté de langage. 

    Ce projet de la Direction des Services Départementaux de l’Éducation nationale (DSDEN), destiné aux élèves de CP en difficulté de langage, a été récompensé par le Prix Chercheurs en Actes 2021 dans la catégorie « Évaluation et intervention pédagogique ».

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Le palmarès 2020

  1. Prix « égalité des chances » : Circonscription de Blaye, Académie de Bordeaux

    Le Lab’Blaye, mieux apprendre à apprendre

    Face aux disparités des familles dans l’accompagnement scolaire et face à l’isolement des enseignants qui débutent, l’Académie de Bordeaux a créé un collectif de partage et de mutualisation de pratiques inter-établissement et inter-degré destiné à des écoles en milieu rural.

    En septembre 2018, l’Académie de Bordeaux a inauguré sur la circonscription de Blaye une action destinée à optimiser les temps d'apprentissage et les choix d’enseignement. Une démarche conçue pour répondre aux spécificités d’un milieu rural composé d’écoles isolées avec un nombre de classes élémentaires et secondaires souvent réduit, avec une forte proportion d’enseignants débutants et de familles d’élèves défavorisées.

    S’appuyer sur les sciences cognitives

    Principaux objectifs du projet : lutter contre les inégalités des familles dans l’accompagnement scolaire, rompre avec l’isolement des enseignants et harmoniser le développement des gestes professionnels chez les enseignants qui débutent. L’Académie a pour cela créé un collectif de mutualisation de pratiques inter-établissement et inter-degré avec un accompagnement par la formation s’appuyant sur les apports de la recherche. Ainsi est né le Laboratoire de Blaye ou Lab'Blaye.

    Ce collectif a vocation à prendre en compte les résultats de la recherche en sciences cognitives en les croisant aux formations disciplinaires concernées. L’ambition est de repenser la formation de façon plus systémique et en proximité afin de conduire les enseignants à interroger leurs pratiques et les processus d’apprentissage des élèves. En somme, accompagner les enseignants et les élèves à mieux apprendre à apprendre.

    Un essaimage des bonnes pratiques

    L’inscription au Lab’Blaye est facultative. La première année, 35 enseignants se sont inscrits. Deux parcours de formation sont proposés. Le premier (« Des outils pour soutenir la mémorisation ») propose d’élaborer des dispositifs pour faciliter la mémorisation des élèves, pour contrôler régulièrement les savoirs et pour identifier les marges de progression des élèves. Le second parcours (« Des outils pour soutenir l'attention et le raisonnement de l'élève ») permet de réfléchir à une organisation de classe qui favorise le maintien de l’attention, de mettre en place des circuits d’activités encadrés et de mieux faire comprendre la démarche pédagogique de l’enseignant.

    Ce projet qui a notamment permis un plus fort engagement des élèves et une diffusion de bonnes pratiques au sein des écoles a obtenu le Prix Chercheurs en Actes 2020 dans la catégorie « Égalité des chances ».

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  2. Prix « école inclusive » : Maternelle Tony Lainé, Académie de Poitiers

    Le dialogue au service de la réussite scolaire

    Le rôle de la métacognition dans le développement d’un apprentissage plus efficace peut être déterminant. L’école maternelle Tony Lainé de Poitiers l’a démontré à travers un dispositif innovant qui a sensiblement amélioré les performances des élèves.

    La maternelle Tony Lainé à Poitiers se situe en zone d’éducation prioritaire. Le quartier compte un grand nombre de familles défavorisées, une majorité d’entre elles ne parlant pas français. Les enseignants se trouvent ainsi confrontés à des élèves ayant de grandes difficultés à maîtriser la langue orale et à des parents très éloignés de la culture scolaire, ne se sentant pas capables d'aider leur enfant ou de participer à la vie de l'école.

    Prévenir l’échec scolaire

    Afin de garantir l’acquisition du « Lire, écrire, parler » et de permettre un meilleur dialogue entre l’école et les parents, l’équipe pédagogique a donc mis en place, depuis la rentrée 2017, un nouveau projet qui a bénéficié de l’intégration d’un maître supplémentaire et d’un programme de formation destiné à développer des actions pédagogiques innovantes.

    Innovantes d’abord sur le plan de la méthode en privilégiant la co-intervention (deux enseignants dans une classe) et un meilleur taux d'encadrement, mais aussi sur le plan du pilotage du projet : les enseignants conçoivent ensemble les séances et se réunissent une fois par semaine pour faire le point. Innovantes également dans le travail de métacognition mis en place qui a permis d’adapter les activités au plus proche des capacités des élèves et de porter une attention particulière aux gestes professionnels nécessaires à l’amélioration de l'écoute, de la motivation et de la réussite.

    Un apprentissage plus efficace

    Un temps de classe regroupant tous les niveaux est ouvert aux parents. Ce temps de partage d'un moment de vie de classe (environ 45 mn) est suivi d'un échange convivial avec le maître venu renforcer l’équipe sur ce projet, autour de ce qu'ils ont observé, de leurs inquiétudes ou satisfactions, de la coéducation, etc…

    L’ensemble du projet a été évalué par une équipe de recherche (Centre de Recherches sur la Cognition et l’Apprentissage). Les résultats sont au rendez-vous : sur les deux premières années d’application du projet, les élèves de l’école Tony Lainé ont obtenu une meilleure performance dans le domaine du langage oral par rapport au groupe témoin d’une école du même quartier. L’équipe pédagogique, quant à elle, a pris conscience du rôle fondamental de la métacognition pour développer un comportement d'apprentissage plus efficace dans tous les domaines.

    Un succès récompensé par le Prix Chercheurs en Actes 2020, dans la catégorie « École inclusive ».

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  3. Prix « métacognition & confiance en soi » : Lycée professionnel Germaine Tillion, Académie de Clermont Ferrand

    Un espace pédagogique bienveillant

    À Thiers, le projet « Venir avec plaisir en lycée professionnel » du lycée Germaine Tillion vise à redonner l’envie d’apprendre à l’élève en lui faisant mieux comprendre le sens et la finalité de l’apprentissage.

    Décalage entre ce que l'enseignant met en place et ce que l'élève interprète, systématisation de l’évaluation par les notes, stigmatisation des mauvais élèves… C’est pour lutter contre ces travers que le lycée professionnel Germaine Tillion à Thiers dans le Puy-de-Dôme a mis en place depuis la rentrée 2018 un projet baptisé « Venir avec plaisir en lycée professionnel ». Ce programme, mené avec deux chercheurs en sciences de l’éducation, Alexandra Leyrit et Julien Masson, est basé sur une série d’actions ayant pour objectif de rendre l’élève autonome, motivé et de changer l’image qu’il se fait de l’école.

    Lutter contre le décrochage scolaire

    Le lycée a commencé par pratiquer une évaluation des entrants sans notes, seulement par compétences. Il a également instauré de l’aide pour les devoirs et de l’accompagnement personnalisé en fonction des besoins de chaque élève et sous la forme d’un face-à-face pédagogique d’un enseignant pour dix élèves au maximum.

    En parallèle, une réunion pédagogique d’1h30 par semaine puis par quinzaine est organisée pour tous les enseignants afin de favoriser le lien dans les équipes pédagogiques. Toujours dans cette volonté de lutter contre le décrochage scolaire, une ouverture à l’international a été privilégiée via des échanges ERASMUS avec la Lituanie, la Finlande et la Croatie pour valoriser les formations et donner un message porteur d’ambition aux élèves BAC, CAP et ULIS.

    Favoriser l’envie d’apprendre

    Dans le cadre de cette stratégie visant à donner du sens aux actions menées et à favoriser l'envie d'apprendre, le lycée a parallèlement créé des lieux de vie agréables en rupture avec le collège.

    Les premiers résultats sont prometteurs. Les incivilités sont en baisse. L'ambiance générale dans l'établissement est apaisée. Il est désormais perçu comme un lycée innovant et bienveillant. Un questionnaire pour évaluer « l’estime de soi » des élèves à l'entrée puis à la sortie du lycée a été établi en collaboration avec les enseignants et les deux chercheurs associés au projet. En tant qu'établissement LéA (Lieu d’Éducation Associé), cette recherche qui devait prendre fin en juin 2020 est suivie par l'ENS de Lyon.

    Cette volonté de construire un espace pédagogique bienveillant qui donne une autre image de l'école a été récompensée par le Prix Chercheurs en Actes 2020 dans la catégorie « Métacognition et confiance en soi ».

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  4. Prix « évaluation et intervention pédagogique » : Collège Victor Hugo, Académie d’Amiens

    « Math ta mémoire », la métacognition en action(s) !

    À Ham dans la Somme, le collège Victor Hugo a expérimenté des outils et des stratégies basés sur l’estime de soi et le respect des différents rythmes d’apprentissage pour améliorer le niveau de ses élèves.

    Changer les pratiques pour améliorer l’attention, l’implication et la mémorisation des élèves afin de réduire les inégalités scolaires, tel est l’objectif du collège Victor Hugo à l’initiative d’un professeur de mathématiques.

    Cet établissement classé REP (Réseau d’éducation prioritaire) s’est tourné pour cela vers les sciences cognitives. Le professeur, porteur du projet, a ainsi mis en place un dispositif baptisé « Math ta mémoire » pour travailler sur la métacognition et l’estime de soi des élèves tout en respectant leur rythme d’apprentissage.

    Comprendre son propre fonctionnement cognitif

    La première année (2018-2019), la méthode a été expérimentée en demi-groupe lors de l'Accompagnement Personnalisé (AP) dans une classe de 6 ème comptant 25 élèves. L’année suivante, l’expérience a été étendue à l’ensemble de la classe.

    Toute la démarche est basée sur le principe de la métacognition permettant d’expliquer aux élèves leur propre fonctionnement d’apprentissage (oubli, mémorisation, rôle du sommeil...). Des techniques mnésiques sont intégrées au cours afin de faciliter la mémorisation des éléments essentiels de l’apprentissage.

    Pour la classe entière, après un temps calme qui permet une baisse du niveau de stress et une meilleure maîtrise de la pensée, le professeur pose une série de cinq questions courtes. L’idée est de travailler la mémorisation, de vérifier la compréhension ou de préparer des prérequis.

    La classe en mode cerveau

    Le cours se termine par un rappel des essentiels à retenir présentés sur un TBI (tableau blanc interactif). Les élèves doivent ensuite les écrire de mémoire avant de faire une ultime vérification à nouveau sur le TBI. Autre format utilisé : la « classe en mode cerveau ». La séance consiste alors à faire travailler une partie des élèves en sous-groupes sur des exercices à résoudre au tableau. L’autre moitié de la classe elle, travaille, davantage sur la consolidation des connaissances avec des tablettes.

    Ces pistes pédagogiques facilement transposables à d'autres niveaux et d'autres matières ont permis au collège Victor Hugo d’obtenir le Prix Chercheurs en Actes 2020, dans la catégorie « Évaluation et intervention pédagogique ».

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  5. Prix « coup de cœur du jury » : Collège Pier An Dall, Académie de Rennes

    Pier An Dall et ses chercheurs en herbe

    « Les Rencontres Jeunes Chercheurs », mises en place par le collège breton Pier An Dall de Corlay, réunissent écoliers et collégiens autour d'un même projet scientifique associant persévérance scolaire, autonomie et créativité.

    Pourquoi les élèves se désintéressent-ils des sciences ? Curieux de tout en maternelle, l’enfant, les années passant, se détourne des disciplines scientifiques. Arrivé au collège, il semble souvent perdu entre un langage ardu et des formulations mathématiques bien éloignés pour lui des phénomènes naturels qui l’intéressaient tant plus petit.

    La pédagogie par l’expérimentation

    Pour répondre à ce désintérêt pouvant se traduire par une forme de décrochage scolaire, le petit collège rural Pier An Dall du centre Bretagne a mis en place un projet baptisé « Les Rencontres Jeunes Chercheurs ». L’objectif est de redonner le goût des sciences aux élèves, aux garçons comme aux filles qui pensent, encore aujourd’hui, que les métiers scientifiques et techniques sont plutôt des métiers d’homme. Acteur de son instruction, l’élève a un rôle d’expérimentateur, de chercheur, de créateur et de conférencier.

    Tous les 15 jours, les CM1 et CM2 de l'école de Corlay viennent ainsi au collège pour faire des sciences lors de demi-journées expérimentales. Première étape : la définition d’une thématique. Le choix s’est porté sur la gestion des déchets du collège dans le but de le rendre autonome (mise en place du tri dans les classes, collecte des crayons pour l'entreprise TerraCycle, collecte des journaux pour l'entreprise Cellaouate, fabrication d'un composteur…).

    À partir de ce thème, les élèves commencent par se questionner sur la manière de mener à bien leur projet. L’objectif est d’accompagner l’élève dans l’autonomie, dans la réflexion et l’interrogation de ce qu’il observe.

    Accompagner les élèves du primaire au collège

    Pour finaliser le projet, un congrès scientifique d’une journée est organisé, chaque classe y présente son défi. Si les résultats peuvent ne pas être concluants, le plus important est d’avoir pu participer à une démarche scientifique. Le congrès est en fait aussi l’occasion d’accompagner plus sereinement les élèves de primaire vers le collège. Entre enseignants, cette action favorise également un échange de pratiques, notamment en matière d’évaluation et de suivi de la progression des enseignements du CM1 à la 6ème en passant par le CM2.

    Pour traduire matériellement son engagement, le collège a créé un laboratoire scientifique ainsi qu'une classe flexible. L’idée est de mettre à disposition des élèves une grande salle multifonction avec une partie tables fixes, une partie tables mobiles, un coin bibliothèque et un coin informatique. L’ensemble donne accès à des outils nécessaires à la démarche scientifique afin que chacun puisse avancer à son rythme.

    Ce projet, destiné à développer la curiosité et l’autonomie des élèves à travers la pratique des sciences, a été le Coup de cœur du jury lors du Prix Chercheurs en Actes 2020.

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