«Le Prix Chercheurs en Actes récompense les expérimentations visant à la réussite scolaire»

À l’occasion du lancement de la 1ère édition du Prix Chercheurs en Actes, Stanislas Dehaene, président du Conseil Scientifique de l’Education Nationale (CSEN), insiste sur la nécessité de savoir sélectionner les pratiques les plus efficaces. Pour GMF, ce Prix conçu conjointement avec le CSEN, est l’occasion de mettre en lumière les métiers de l’enseignement et de valoriser l’engagement et la solidarité, des valeurs qu’elle partage avec les équipes pédagogiques.

Interview de Stanislas Dehaene

Quelle est la vocation de ce Prix?

Il récompense les expérimentations concrètes visant à la réussite scolaire. Il s’articule autour de quatre thèmes : l’école inclusive, l’égalité des chances, la métacognition et la confiance en soi et enfin l’évaluation et les interventions pédagogiques.

Qu’est-ce qui a mené votre Conseil Scientifique à la création du Prix Chercheurs en Actes ?

Parmi les personnes qui composent le Conseil scientifique, il y a Esther Duflo qui a reçu le Prix Nobel d’Économie pour son travail expérimental. Elle a mené des expérimentations en Inde sur des milliers d’enfants dans le cadre d’expériences aléatoires et contrôlées pour essayer, par exemple, deux pédagogies différentes et comparer leur efficacité. Or justement, une des idées essentielles du Conseil scientifique est l’expérimentation pour déterminer les pratiques pédagogiques qui fonctionnent le mieux. Nous essayons de mettre en place les méthodologies les plus rigoureuses possibles en privilégiant aussi la comparaison internationale. Le Prix Chercheurs en Actes cherche à inciter les enseignants à s’engager dans cette démarche.

Pourquoi est-il important de mêler la recherche à l’enseignement ?

Parce qu’il y a maintenant une science de l’apprentissage. Certaines méthodes pédagogiques sont plus adéquates que d’autres. L’approche scientifique permet justement de déterminer ce qui marche et ce qui ne marche pas. Il existe de véritables algorithmes d’apprentissage dans notre cerveau. Si on aligne l’Éducation nationale avec ces algorithmes d’apprentissage, on apprend mieux que si on ne le fait pas.

Quelles innovations en matière de pédagogie et de méthodologie éducative favorisent l’apprentissage de l’enfant ?

La vérité est que l’on n’a pas tant besoin d’innover que de sélectionner parmi les pratiques pédagogiques existantes les plus efficaces. En calcul, par exemple, la perte d’efficacité de notre école devrait nous inciter à revenir à la pratique régulière du calcul mental, avec des supports concrets comme la bande numérique.

Quels sont les leviers prioritaires à actionner pour favoriser la réussite scolaire de tous les élèves ?

Ils sont nombreux mais l’un d’entre eux, c’est la confiance en soi. Nous avons absolument besoin d’une école bienveillante qui développe l’idée que chacun a un potentiel d’apprentissage

« Le Prix Chercheurs en Actes cherche à inciter les enseignants à s’engager dans cette démarche »

L’éminence grise de l’apprentissage

Professeur au Collège de France (chaire de Psychologie cognitive expérimentale), Stanislas Dehaene travaille sur les neurosciences cognitives. Ses recherches ont notamment permis d’identifier quatre facteurs qui déterminent la vitesse et la facilité d’apprentissage : l’attention, l’engagement actif, le retour d’information et la consolidation.

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