SNCF, Air France, Auchan, Adecco, Areva, Disneyland Paris… voilà quelques-unes des entreprises qui recrutent régulièrement dans l’armée. A ces grands noms s’ajoutent quelques 10 000 PME… sans oublier le secteur public, vers lequel se dirigent 20 % des militaires en reconversion. Si l’armée enregistre 19 000 départs par an, les militaires peuvent donc se rassurer : tout est fait pour les accompagner dans leur nouvelle vie professionnelle. Pour preuve : environ 60 % des militaires trouvent un emploi pérenne dans l’année qui suit leur départ, indique Défense Mobilité, l’agence chargée d’accompagner les militaires dans le retour à l’emploi civil. Pas négligeable lorsque l’on connaît la situation du marché du travail ! Il faut dire que pour le ministère des Armées, l’enjeu est crucial : l’impératif de jeunesse implique un renouvellement constant des effectifs, martèlent les conseillers de l’agence. Offrir à tous les militaires les atouts pour réussir leur transition professionnelle est aussi une façon d’honorer l’engagement de celles et ceux qui ont choisi de servir leur pays.
Congé de reconversion
Mais concrètement comment s’y prendre ? Tout dépend des candidats et de leur projet. Mais l’idéal est de prendre contact avec l’agence environ dix-huit mois avant la date de départ souhaitée, via le numéro vert dédié. Après une présentation collective des différents dispositifs, l’intéressé(e) est reçu par un conseiller qui devient son unique référent.
La seconde étape consiste à identifier le secteur vers lequel le candidat souhaite s’orienter et à déterminer la viabilité du projet. Un travail réalisé pas à pas, avec son conseiller et un psychologue du travail.
Une fois le projet identifié, une demande est envoyée à la direction des ressources humaines de l’armée de Terre (DRHAT), qui décide ou non d’octroyer au militaire un congé de reconversion de six mois, renouvelable une fois. Le temps pour le candidat de se former (si nécessaire), lancer sa recherche d’emploi, trouver un emploi et se familiariser avec l’entreprise qui l’a recruté. « Ce congé est très confortable, car cela permet de conserver sa solde indiciaire et certaines de ses indemnités pendant toute cette période, et de réintégrer l’armée si le projet n’aboutit pas », remarque un ancien de l’armée de terre, actuellement en phase de reconversion.
Des emplois dans le secteur privé
Ex-officier parachutiste, Yannick Rouvrais est quant à lui devenu directeur de la sécurité pour un grand groupe du secteur textile, grâce à une mise en disponibilité de cinq ans, suivie d’un départ à la retraite militaire. Pour lui, le dispositif était idéal. « J’avais atteint le grade maximum auquel je pouvais prétendre compte tenu de mes titres et mon ancienneté. J’avais fait le tour de mon métier. Je venais d’avoir quarante ans. Je me disais qu’il était temps de me reconvertir, quand un ami m’a parlé de ce poste à pourvoir. J’ai postulé, et quelques semaines plus tard je prenais mes nouvelles fonctions », raconte-t-il, encore surpris de l’accueil qui lui a été réservé. « On ne s’en rend pas forcément compte, mais les militaires possèdent des qualités très recherchées dans le monde de l’entreprise : ils sont observateurs, agiles, mobiles, savent travailler en équipe, et ont un véritable sens de l’organisation. Quant aux officiers, ils ont un esprit à la fois tactique, critique, et bienveillant. Et surtout, ils savent prendre des décisions stratégiques et rapides. Y compris en temps de crise . »
Des emplois dans le secteur public
Mairies, communautés de communes, conseils généraux, ministères… la fonction publique attire elle aussi. Richard Labarthe a choisi de postuler à l’un des emplois de catégorie A, B ou C proposés chaque année aux militaires, dans le cadre d’un processus de détachement-intégration. Cet ancien officier des sports dans l’armée de l’air est désormais professeur de sport au ministère des Sports et occupe le poste de référent sport santé bien-être au sein de la Délégation régionale académique à la jeunesse, à l'engagement et aux sports de Nouvelle Aquitaine. « La plupart des titres et diplômes militaires sont inscrits au RNCP, donc transposables dans d’autres secteurs. Cela permet d’exercer dans le milieu civil des métiers similaires à ceux que l’on peut exercer dans l’armée », rassure-t-il. Autres façons d’intégrer le secteur : passer les concours en externe, bénéficier d’un des emplois de catégorie B ou C réservés par l’administration aux militaires, ou bien se faire recruter sous contrat. Bien que n’offrant pas tous les avantages des fonctionnaires (sécurité de l’emploi, évolution du salaire, etc.), cette dernière solution est la plus accessible et la plus prisée : elle concerne 33,58 % des reclassements dans la fonction publique. De quoi se lancer l’esprit tranquille.