Le célibat géographique, pas toujours simple à vivre pour les militaires

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La concession de logement par nécessité absolue de service (CLNAS) fait perdre au militaire sa liberté de choix de domicile. L’instabilité provoquée par ce statut d’occupation juridique exceptionnel expose alors les militaires à une exclusion sociale, et parfois à une séparation prolongée avec les membres de leur famille… Même s’ils ne sont pas les seuls en France à connaître cette situation, les militaires sont concernés au premier chef par le célibat géographique. Explications et témoignages.

Une situation particulière

Le célibat géographique. C’est ainsi qu’on qualifie le fait, pour les militaires dans leur ensemble, et les gendarmes en particulier, de vivre séparés des membres de leur famille, pour une durée plus ou moins longue. Ils sont encore nombreux à vivre cette situation en France, en raison de la nécessité de vivre à proximité de leur lieu d’affectation et des mutations nombreuses qui rythment la vie des militaires. Un rythme qu’il est souvent délicat d’imposer à son conjoint, comme à ses enfants…

La situation est particulière pour les gendarmes, qui sont tous soumis au régime de la CLNAS, c’est-à-dire à l’obligation d’habiter le logement qui leur a été affecté par la gendarmerie nationale. « J’ai connu deux fois le célibat géographique, au début de ma carrière, entre 2005 et 2011, à Melun puis à Auxerre », précise le lieutenant-colonel Jérôme B. « Ma compagne souhaitait poursuivre ses études à Bordeaux et nous n’avions pas encore d’enfants, ce qui rendait la situation moins compliquée que pour ceux qui ont des enfants en bas âge, notamment. » En outre, habiter seul dans une caserne – ce qui est encore le cas de bon nombre de gendarmes – et donc côtoyer en permanence ses collègues de travail, est certes sécurisant mais peut vite devenir usant…

Néanmoins, la gendarmerie loue de plus en plus de logements dans des bâtiments « civils ». Par ailleurs, même soumis au régime de la CLNAS, le gendarme peut quitter son logement lors de ses jours de repos et ses permissions.

Des contraintes… et des avantages

« J’ai trouvé le célibat géographique que j’ai vécu en 2020-2022 très contraignant pour la vie de famille et de couple », souligne de son côté Vivien B., aujourd’hui lieutenant-colonel à l’état-major de l'armée de Terre (Paris 15ème). « J’avais été muté dans les Pyrénées-Orientales, à treize heures en train de Paris. Avec deux enfants encore petits, mon épouse devait supporter seule, quotidiennement, les contraintes, fortes, de la vie de famille. Et il était exclu pour nous d’obliger les enfants à changer d’école. » Les militaires peuvent être mutés tous les cinq à sept ans dans leur carrière, ce qui rend la situation souvent compliquée pour leurs épouses, qui sont de plus en plus nombreuses à travailler.

Difficile à vivre à une période charnière de son existence, le célibat géographique l’est manifestement moins au début de la carrière du militaire ou quand les enfants commencent à quitter le domicile familial, pour mener une vie d’étudiant, par exemple. En outre, en plus d’être un choix et non une obligation, il présente l’avantage d’éviter un énième déménagement à sa famille. Enfin, les pouvoirs publics ont récemment pris des mesures qui témoignent du souci de mieux prendre en compte la vie de famille, élément-clé du bien-être du militaire, comme de tout citoyen…

Les avancées notables du plan famille du ministère des Armées

Le plan lancé en 2017 par Florence Parly, alors ministre des Armées, avait pour ambition de résoudre, pour une large part, les difficultés liées à la vie de famille du militaire, en l’améliorant et en la simplifiant. Étaient notamment concernés la qualité du logement et les conditions de vie en unité. Avec l’augmentation significative de conjoints de militaires exerçant une activité professionnelle, le plan famille s’enrichit de nouvelles actions pour continuer de soutenir les militaires et leurs proches au quotidien.

Cinq ans après, la mise en œuvre du plan s’est traduite par de nombreuses mesures, comme, entre autres, la création de 25 000 places en crèche, des aides spécifiques allouées aux assistantes maternelles accueillant des enfants de militaires ou la création d’une plateforme de déménagement dédiée aux militaires. En outre, 2 500 logements ont été créés, dont bénéficient notamment les jeunes engagés.

Découvrir le plan famille du ministères des armées

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