Quel est votre sentiment après avoir remporté ce Prix Littéraire Europe 1 – GMF ?
Surprise, plaisir et fierté se conjuguent. Au fur et à mesure des années où j’ai publié, j’ai observé combien tout livre plaît et déplaît simultanément, quel qu’il soit a toujours ses défenseurs et ses détracteurs. Réunir une majorité de préférences autour d’un texte peut sembler un petit miracle, d’autant que les romans de bonne qualité ne manquent pas ; je suis donc honorée. Par ailleurs, je trouve noble et courageuse cette idée d’un prix centré sur les thèmes de la solidarité et de l’attention à l’autre, quand il est si souvent répété que l’on ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments. Je suis contente de pouvoir m’imaginer que j’ai surmonté un tant soit peu cette difficulté.
Comment l’idée de cette histoire vous est venue ?
Je n’ai pas inventé cette histoire, je n’ai fait que traduire en mots une histoire réelle. Sans rien en retrancher, sans rien y ajouter. J’ai essayé de comprendre comment une telle suite d’événements était possible, quels étaient les ressorts des décisions des personnages, comment en quelque sorte se perpétrait le malentendu. Je me suis mise à la place de chacun des protagonistes. L’empathie a été le moteur et l’outil de travail.
Votre livre, parle d’inclusion, d’accompagnement, de bonne volonté, d’humanisme, de recherche de vérité … mais également des difficultés que ces notions peuvent induire !
Oui, la volonté d’accompagner et d’inclure, l’accueil amical, se trouvent interprétés comme un abus, comme un comportement inapproprié et dangereux, parce que ces élans solidaires s’adressent à un jeune vulnérable, qui pourrait se faire des idées et tomber amoureux de son professeur. Une des dimensions tragiques de cette histoire est précisément que chacun y a ses raisons, compréhensibles. Une bonne discussion pourrait résoudre le nœud originel, désamorcer la mécanique du soupçon, hélas les mots des uns et des autres ne sont pas audibles et le soupçon tourne à l’accusation, l’accusation à la condamnation. Le livre est le portrait d’une héroïne qui chute et se relève.
En quoi le fait d’être récompensé par GMF, qui véhicule des valeurs d’humanité, de solidarité, d’écoute, est-il pertinent ?
Dans sa naïveté innocente, l’enseignante soupçonnée, accusée, jugée… n’a fait preuve que d’humanité, d’amour charitable, d’attention et d’espérance. C’est elle qui mérite le prix GMF !
© Catherine Gugelmann Opale / Editions Actes Sud