L’École des chiens guides de Paris : au service du handicap
Élever, éduquer et remettre gratuitement un chien aux personnes déficientes visuelles, c’est la mission de l’École des chiens guides de Paris, membre de la Fédération française des associations de chiens guides d’aveugles. Laura Meynier, Référente communication et collecte, nous présente l’association soutenue depuis 2023 par GMF via la Fondation Covéa.
Pouvez-vous nous donner quelques chiffres clés pour commencer ?
Depuis notre création, nous avons éduqué et remis 1150 chiens guides. Nous avons actuellement 220 binômes (chiens guides-personnes malvoyantes) en activité. C’est un aboutissement formidable même si le chemin est long.
Comment éduquez-vous vos chiens ?
Nous possédons notre propre centre d’élevage dans les Yvelines. Les chiots y sont pris en charge par une équipe de professionnels dès leur naissance. À partir de 3 mois, ils sont accueillis durant 9 mois par une famille d’accueil bénévole. Ils y apprennent les bases de l’obéissance et y vivent toutes sortes de situations. C’est la période durant laquelle le chien devient un parfait animal de compagnie.
Et ce n’est que le début d’un long apprentissage.
Absolument. À la fin de cette période le chiot passe un certificat d’entrée en éducation. Il entre alors en apprentissage pour 6 mois auprès des éducateurs du centre, pour devenir un vrai chien guide. Les piliers de sa formation sont l’obéissance renforcée, le déplacement en harnais, la recherche et le contournement d’obstacles, mais aussi la responsabilisation car le chien doit pouvoir faire preuve d’autonomie dans certaines situations.
À l’issue de cette formation, le chien est mis en contact avec des personnes malvoyantes ?
Oui. Un certificat d’aptitude au guidage valide ces enseignements et les chiens sont présentés à des personnes en demande. Cette étape est suivie par une psychologue, un orthoptiste, un instructeur en locomotion et des éducateurs. C’est cette équipe qui va étudier collégialement le dossier et décider de l’attribution du chien. Nous avons beaucoup de demandes et il faut compter en moyenne deux ans pour bénéficier d’un chien.
Comment se déroulent les premiers contacts du chien avec son nouveau maitre ?
Un pré-stage est organisé durant lequel la personne malvoyante vient travailler à l’école avec l’éducateur du chien. Elle peut également le prendre en week-end chez elle en tant que chien de compagnie. Peu à peu, la relation se consolide jusqu’au stage final de remise qui dure encore 3 semaines.
Comment est géré le suivi des chiens ?
La première année, le binôme est suivi par un éducateur. Au sein de l’école, un pôle est dédié au suivi des 220 binômes en activité. À partir de 8 ans, le chien effectue des bilans de santé réguliers. Démarre alors le process de renouvellement et de mise à la retraite du chien en place. Celui-ci peut rester chez son maitre, chez des proches de ce dernier, ou rejoindre une famille d’accueil bénévole.
Vous nous faites réaliser que l’ensemble de ce processus est long et couteux.
Un chien, formation et suivi, coute 25k€ à l’association. Il est bien sûr gratuit pour la personne malvoyante. Le sujet du financement est donc essentiel. Nous vivons grâce à la générosité des particuliers et du mécénat d’entreprises telles que GMF.
À titre personnel, que vous apporte votre travail au sein de la l’association ?
Une immense satisfaction. C’est un métier de passion. Un chien guide transforme la vie de son bénéficiaire, à l’image de ces mamans qui peuvent à nouveau accompagner leurs enfants à l’école. Au-delà du lien social, il change le regard sur le handicap. On me dit : « Avant, ma canne blanche stigmatisait mon handicap, aujourd’hui avec mon chien, on me parle spontanément, l’échange devient simple et naturel ».