Pour les fonctions de direction, « depuis une dizaine d’années maintenant, il existe la possibilité d’un positionnement sur des emplois fonctionnels (1) qui permettent, notamment au niveau salarial, une reconnaissance de la prise de responsabilité », explique Isabelle Vatinel qui regrette toutefois que « cette option ne soit pas toujours mise en application, peut-être par manque de connaissance ou de critères trop restrictifs ». La directrice du CCAS de Cherbourg-en-Cotentin relève qu’« avec la pression de plus en plus forte que connaissent désormais les agents de la fonction publique territoriale et ce, pas seulement aux postes de direction, les écarts de salaire avec le privé sont de moins en moins justifiés et sont un réel frein à l'attractivité de ces métiers ».
Les chargé(e)s d’accueil en sont une parfaite illustration. « En première ligne face au public, nous devons faire face à une recrudescence de l’agressivité, surtout depuis la Covid », constate Nadia, chargée d’accueil depuis dix ans dont cinq au CCAS de Cherbourg. « Nous sommes pourtant un rouage essentiel », ajoute sa collègue Cintya, « les gens nous demandent de plus en plus de conseils. Il faut prendre plus de temps pour les écouter et les orienter correctement. Nous sommes parfois leurs confidentes ».
En vingt ans, les métiers de la filière sociale ont donc beaucoup évolué et se sont professionnalisés. « Le vrai défi est de les rendre plus attractifs », conclut Isabelle Vatinel.
(1) Les emplois fonctionnels instaurés dans la fonction publique territoriale dès 1984 sont des emplois pouvant être créés et occupés par des fonctionnaires par voie de détachement ou par des contractuels en recrutement direct.