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Demain vous questionne, vous vous demandez comment répondre aux enjeux sociétaux et environnementaux. Comment envisager une société plus humaine et plus inclusive?

Aujourd'hui pour demain, le podcast

Dans Aujourd’hui pour demain, le podcast des initiatives positives proposé par GMF, partez à la rencontre de celles et ceux qui s’engagent et se mettent au service des autres.

Épisode 8 - Préserver l'or vert de notre planète : ça commence hier

Dans cet entretien à trois voix, découvrez une association qui vient de fêter ses quarante ans et qui rassemble près de 2 400 bénévoles dans les Bouches-du-Rhône : l’ADCCFF13. Une de ses missions principales : prévenir et sensibiliser aux feux de forêts afin de protéger les milieux naturels de la région.

Jean Louis Jauffret et son adjoint Christian Canavese nous racontent leur quotidien de « sentinelles de la forêt » et les grands moments qu’ils ont vécus au sein de l’Association.

Journaliste
Demain vous questionne : vous vous demandez comment répondre aux défis sociétaux et environnementaux, comment envisager une société plus humaine et plus inclusive.
Dans Aujourd’hui pour Demain, le podcast des initiatives positives proposé par GMF, partez à la rencontre de celles et ceux qui s’engagent et se mettent au service des autres.

Journaliste : Aujourd’hui, nous sommes en compagnie de Jean Louis Jauffret et Christian Canavese, pour parler des risques incendie en forêt, et surtout, de prévention. Pour commencer, pouvez-vous vous présenter en quelques mots.
Jean Louis Jauffret : Alors Jean Louis Jauffret, secrétaire général de l’association départementale des comités communaux feux de forêts et des réserves communales de sécurité civile, 22 ans de bénévolat, et aujourd’hui permanent de l’association pour gérer les 2 400 bénévoles et les 82 communes des Bouches-du-Rhône.

Journaliste : Et vous avez à vos côtés un bénévole de l’association ?
Jean Louis Jauffret : Oui donc je m’appelle Christian Canavese, ça fait une vingtaine d’années que je suis dans les comités feux, et ça fait 12 ans que je suis formateur au sein de l’association départementale.

Journaliste : Et quel est son rôle ?
Jean Louis Jauffret : Le rôle de l’association départementale est de fédérer les comités communaux feux de forêts et les réserves communales de sécurité civile sur la prévention feux de forêt. 
Pour ce faire, il existe tout un panel de formations qui permettent aux bénévoles d’intervenir sur le terrain, de prévenir les populations, de sensibiliser les populations. À cela s’ajoute la relation avec toutes les autorités sur le territoire. Nous nous retrouvons lors d’une réunion hebdomadaire tous les vendredis matin.

Journaliste : Quelles actions menez-vous ?
Jean Louis Jauffret : Pendant la période sensible de juin à septembre, c’est surtout des patrouilles en colline, de la surveillance et de la sensibilisation aux promeneurs. Et hors saison, après, comme a dit Jean Louis, il y a un gros travail aussi avec toutes les institutions, les professionnels, de façon à pouvoir prévenir, entre guillemets, à tous les départs accidentels de feux.

Journaliste : Justement, comment se déroule la prévention et la sensibilisation auprès des populations ?
Jean Louis Jauffret : Le vecteur principal pour cette sensibilisation, c’est l’approche des personnes sur le terrain, que ce soit les touristes, les autochtones etc. Les patrouilles, ça pique un petit peu les yeux, mais on est en orange, les véhicules sont oranges, donc ils sont visibles. 
Donc il faut profiter des moments de patrouille pour s’approcher des gens, pour discuter avec eux, pour leur demander s’ils sont au courant du risque qu’ils prennent quand ils allument un barbecue, quand ils fument en forêt. Le vecteur principal, c’est le bénévole dans son véhicule avec son équipier en patrouille. Et pour cela, on met à disposition, nous, association départementale, un certain nombre de documents qui sont des flyers ou alors des petites fiches qui rappellent les dangers qu’est le feu en forêt. 
Et nous avons aussi nos propres documents que nous faisons imprimer et que l’on distribue. Il y a aussi les documents de la GMF que l’on distribue, puisque j’ai eu le plaisir de travailler avec eux sur la constitution d’un livret qui s’appelle « le plan familial de mise en sûreté ». Donc voilà. L’année dernière, quand on regarde le nombre d’heures de patrouille avec près de 80 000 heures de patrouille sur le terrain, on a du temps quand même pour sensibiliser.

Journaliste : Malgré tout, en 2022, il y a eu 484 départs de feux rien que dans les Bouches-du-Rhône. Comment appréhendez-vous ce genre de chiffre ?
Jean Louis Jauffret : Alors, ce genre de chiffre pour nous, c’est un curseur que l’on regarde un peu tous les ans et qui nous permet de nous ajuster dans les dispositifs sur le terrain, mais aussi avec nos partenaires officiels, entre guillemets, que sont les pompiers, la préfecture, l’ONF, le conseil départemental etc. Il est évident que le dérèglement climatique risque de faire bouger ce curseur. 
Pour l’année 2022, on a eu près de 500 départs. Mais quand on regarde les chiffres de 2023, les chiffres à ce jour, on s’aperçoit que le travail en commun, c’est-à-dire ce qu’on appelle nous l’inter-services, porte ses fruits puisqu’on a quasiment divisé par deux le nombre de départs de feux. Alors évidemment, on ne peut pas dire que c’est uniquement notre action. Il y a aussi de la chance. Il y a aussi les événements… les périodes de vent qui ont été moins longues ou tout au moins, moins répétitives cette année.

Journaliste : Concrètement, comment se déroule une patrouille ? Est-ce que les bénévoles marchent sur les sentiers de forêt ?
Jean Louis Jauffret : Alors, on ne le fait pas à pied, on le fait avec les véhicules, des véhicules de patrouille ou d’intervention, parce que ça nous permet aussi d’intervenir. Il y a à peu près un peu plus de 200 véhicules dans le département, sur les 82 communes qui ont des comités ou des réserves. Et généralement ça se passe l’après-midi sur des patrouilles avec des secteurs bien précis. 
Dans chaque commune, tous les comités et les réserves connaissent un petit peu leurs points délicats. Et le but, c’est de patrouiller, de surveiller ces points délicats avec des véhicules, avec des vigies aussi parce qu’on a des communes qui possèdent des vigies d’observation, et qui sont directement reliées avec le Codi, c’est-à-dire l’organisation de lutte des feux, ce qui permet une surveillance très proche sur le terrain pendant toute la période sensible.

Journaliste : Vous êtes pionnier du dispositif « Sentinelles de la forêt » depuis 50 ans dans les Bouches-du-Rhône, pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Jean Louis Jauffret : Je trouve que c’est un dispositif qui est tout à fait pertinent et qu’il faut pouvoir développer sur le reste des départements français touchés par le feu de forêt. 
Aujourd’hui, par exemple, nous avons été contactés par plusieurs départements ou communes directement pour qu’ils puissent bénéficier de notre expérience, sans vouloir être des donneurs d’ordre, mais en tous les cas leur expliquer comment nous fonctionnons depuis autant d’années et qu’est-ce qu’ils peuvent mettre en place en rapport avec les possibilités qu’ils ont, qu’elles soient financières ou humaines. Donc il y a des départements comme l’Ardèche qui nous ont sollicités. Là prochainement, nous nous rendrons dans la Loire pour 4 communes qui souhaitent bénéficier de nos conseils.

Journaliste : Au départ, qu’est-ce qui vous a donné envie de vous engager dans cette association ? Christian peut-être ?
Christian : J’étais directeur technique d’un club de plongée sous-marine sur une petite commune à côté de Marseille et je suis rentré en discussion avec des amis qui étaient déjà au comité feux. Ça m’a donné l’envie, un petit peu, de venir puisque j’adore la nature et pouvoir la protéger et la surveiller, je trouvais ça intéressant. Je me suis rapproché d’eux, ils m’ont présenté leur activité, ça m’a plu. 
Maintenant, ça fait une vingtaine d’années que j’y suis. Et ensuite par le biais de la formation, parce que je suis quand même formateur, je suis rentré au sein du groupe de formateurs de l’association départementale et progressivement, maintenant, j’en ai pris plus ou moins la responsabilité, je fais de la formation depuis une douzaine d’années à peu près au sein de l’association départementale. 
Moi, j’ai l’impression, quand je rentre le soir, d’avoir vraiment été utile tout au long de ma journée, en surveillant, en patrouillant, en sensibilisant le public aussi. Ça aussi, c’est une part pour moi qui est très agréable de pouvoir discuter avec des personnes qui ne connaissent pas les risques majeurs qu’on connaît, nous, dans nos collines et nos forêts.

Journaliste : Vous Jean Louis, vous faites partie de l’association départementale depuis 22 ans, quels ont été les moments marquants ?
Jean Louis Jauffret : Les moments marquants au sein de l’association, ce sont des moments de partage souvent, où l’on est allé au-devant de personnes qui étaient touchées par le feu, sur des grands feux, sur les inondations même quand on était dans le Gard, pour les aider, pour les écouter. 
Et ça, c’est à la fois émouvant, parce que les gens, quelques fois, ont tout perdu et il faut trouver les mots pour essayer de les réconforter. Et puis il y a des moments de convivialité qui sont aussi à l’opposé de ce qu’on peut vivre lorsqu’on vit un événement dramatique. Donc ce sont des repas. Ce sont des rencontres. Cette année, nous avons fêté les 40 ans de l’association départementale, donc il y avait plus de 500 personnes et c’était très chaleureux et très convivial.

Journaliste : Et vous Christian, un moment marquant ?
Christian : Oui. Alors j’ai été particulièrement marqué par le feu de 2016, le feu de Rognac, qui a brûlé une grosse partie de Rognac, Vitrolles et qui s’est arrêté aux portes de Marseille, qui a brûlé pratiquement 3 000 hectares, et qui a mobilisé les services de secours pendant au moins une semaine, qui avait 1 200 personnes, 1 200 pompiers qui étaient sur place pendant pratiquement 7 jours.

Journaliste : Quel était votre rôle à vous, pendant cette catastrophe ?
Christian : Alors au départ, on était là vraiment, pour les guider, pour essayer d’éteindre un petit peu les départs de feux dans des endroits qu’on pouvait nous connaître et accéder facilement avec nos petits véhicules. Et après, comme l’a dit Jean Louis, ça a été beaucoup de logistique, beaucoup de logistique parce qu’il y avait 1 200 pompiers sur la zone, donc qu’il fallait ravitailler en eau, en nourriture, en matériel. 
Quotidiennement, on avait des missions et on était aussi à la disposition du commandement pour intervenir sur des petits départs de feux, du guidage. Pendant 7 jours, on a été vraiment sollicité tous les jours. On était d’ailleurs au PC, au PC commandement par les services de secours.

Journaliste : Une dernière question Jean Louis : ce podcast s’appelle Aujourd’hui pour Demain. Qu’est-ce que vous souhaitez, aujourd’hui pour demain ?
Jean Louis Jauffret : Moi, je le ferais à l’inverse, je mettrais « hier pour demain ».

Journaliste : Pourquoi ?
Jean Louis Jauffret : Parce que c’est toute l’expérience d’hier que l’on va appliquer à demain et que l’on va perfectionner, tout en la bonifiant et en faisant participer un maximum de personnes, d’autres départements, qu’ils soient proches des nôtres ou un peu plus éloignés. Mais en tous les cas, c’est mon souhait et c’est le souhait de l’association aussi que de faire profiter de ce qu’on a vécu par le passé pour demain.

Journaliste : Rendez-vous très bientôt pour un nouvel épisode d’Aujourd’hui pour Demain, le podcast des initiatives positives, proposé par GMF.
 

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Épisode 7 - Paroles d'Ovalie 2 - À l'unisson

Ambassadeurs GMF à l'occasion de la Coupe du Monde de Rugby en France, Lenaïg Corson, joueuse de rugby professionnel et ancienne internationale française, et Julien Marchand, talonneur du Stade Toulousain et du XV de France nous parlent rugby.

Journaliste : 

Demain vous questionne : vous vous demandez comment répondre aux défis sociétaux et environnementaux, comment envisager une société plus humaine et plus inclusive.
Dans Aujourd’hui pour Demain, le podcast des initiatives positives proposé par GMF, partez à la rencontre de celles et ceux qui s’engagent et se mettent au service des autres.

Journaliste : Aujourd'hui, nous recevons Lénaïg Corson et Julien Marchand, tous deux joueurs de rugby professionnels. Lenaïg, j’ai lu que lorsque vous étiez petite, vous rêviez de porter le maillot de l’équipe de France, ce que vous avez fait pendant 10 ans. Julien, vous étiez déjà dans l'équipe de France chez les moins de 20 ans, et à seulement 23 ans, vous disputiez votre premier match en équipe de France, en tant que talonneur. Pour l’un et pour l’autre, comment est née cette passion précoce ?
Lenaïg :  Moi c’est arrivé de façon assez précoce, mais pour le sport, pas forcément pour le rugby, parce que le rugby je l’ai découvert sur le tard, à l'âge de 20 ans. Par contre dès l'âge de 6 ans, mes parents m’ont mis dans un club d’athlétisme. Tous les deux étaient professeurs de sport donc je n’avais pas vraiment le choix, il fallait que je fasse du sport. 
Et j’ai vraiment accroché tout de suite. C’est vrai qu’il y a des images assez marquantes que je regardais à la télé, forcément je suivais les compétitions françaises. Et quand je voyais Marie-José Pérec à la télévision, j’étais dingue, j’étais fascinée par sa façon de courir, j’avais envie de faire comme Marie-Jo quoi ! Porter les couleurs de la France. 
Et finalement, j’ai posé un pied sur le terrain de rugby à l’université, et je suis tombée raide dingue amoureuse de ce sport, on peut dire de l’amour. Je ne connaissais pas les règles à part qu’il fallait faire la passe en arrière et encore… Fallait-il attraper le ballon, ce qui était une chose difficile pour moi qui venait de l’athlétisme. Mais en fait ça me plaisait d’être tout le temps dans la découverte, d’être aussi dans un collectif, le fait de se donner rendez-vous tous les lundis soir, sur un terrain universitaire à Rennes, et le but c’était de se retrouver entre copines, entre filles qui commençaient le rugby.

Journaliste : Et vous Julien ?
Julien : Un petit peu comme Lenaïg, j’avais déjà ce truc pour le sport, ça a commencé par le foot pour ma part. J’avais le club de village de foot où on le pratiquait jusqu’à 8 ou 9 ans, et ensuite il y a eu le premier entraînement de rugby, pour tout simplement découvrir ce sport, parce que j’avais quelques copains qui étaient partis là-bas. 
Et dès le premier entraînement ça a tout de suite collé, j’ai beaucoup aimé ce sport-là où il y avait un peu de contact, où les relations se sont faites très rapidement. Donc au début, je switchais entre le foot et le rugby, quand il n’y avait pas entraînement de foot, j’allais au rugby, et ensuite ça s’est fait naturellement. Je suis parti au Stade, et voilà. C’est comme ça que j’ai découvert ce sport et que je l’ai adoré.

Journaliste : Qu’est-ce que ça fait aujourd’hui de porter le maillot des bleus ?
Julien : Mon rêve au tout début c’était de jouer au Stade Toulousain, donc si tu veux ça a été un but, un accomplissement en quelque sorte. Puis quand tu commences à connaître ce milieu et comprendre que tu peux espérer un jour aller en équipe de France, tu te donnes tous les moyens et c’est simplement une grande fierté le jour de la remise des maillots, et le jour où tu chantes la Marseillaise et tu rentres sur le terrain. Il y a beaucoup de fierté, d’émotions. Beaucoup de reconnaissance aussi, parce qu’après coup, tu sais qu’il y avait tous tes entraîneurs du Stade etc. qui t’ont aidé à arriver où tu es aujourd’hui.

Journaliste : Et vous Lenaïg ?
Lenaïg : Quand j’ai commencé le rugby, mon grand-père me disait : « Mais tu ne vas pas faire du rugby, ce n’est pas pour les filles ! ». Mon copain de l’époque me disait : « Tu ne vas pas faire ce sport de mecs, tu vas devenir comment ? Tu vas devenir un homme. Tu vas prendre trop de muscles… ». 
En fait, j'avais des a priori énormes, parce qu’on ne connaissait pas ce qu’était le rugby féminin, on en n’avait jamais vu aucune image. Et finalement le jour où j’ai eu ma première sélection en équipe de France, mon grand-père qui était le premier à me dire : « Non, ce n’est pas fait pour toi ! », finalement : « C’est génial, tu vas représenter notre pays ! ». Tu sentais que tu n’étais plus dans la même case.

Journaliste : Ce serait quoi pour vous l’état d’esprit du rugby féminin ? Est-ce que c’est pareil que pour le rugby masculin, ou il y a une différence selon vous ?
Lenaïg : Je pense que l’état d’esprit reste totalement le même. On aime célébrer les troisièmes mi-temps, c’est souvent ce qu’on me demande en premier : « Et les troisièmes mi-temps, c’est la même chose chez les garçons et les filles ? ». Je pense que c’est la même chose, qu’on ait à célébrer une victoire, ou même se rassembler après une défaite pour justement savoir comment on peut se remettre en question, comment on peut avancer, comment on peut aller chercher la prochaine victoire. 
Parfois ce n’est pas facile parce qu’il y a de la frustration, il y a parfois des non-dits. Justement ces temps d’échanges de la troisième mi-temps permettent de dire les choses, d’aller vers l’autre, plus facilement peut-être avec une bière dans les mains, et c’est comme ça qu’on avance et qu’on construit une équipe. L’état d’esprit aujourd’hui je le vois complètement pareil, je ne pense pas qu’il y ait de différence que ce soit chez les filles ou chez les garçons.

Journaliste : Vous parliez tout à l’heure de votre grand-père et de votre copain de l’époque qui avaient des a priori par rapport au fait que vous vouliez faire du rugby, est-ce que ça vous arrive encore aujourd’hui d’avoir des gens autour de vous qui ont des a priori, ou même, est-ce que vous pouvez subir des discriminations ? Est-ce qu’il y a des choses qui sont encore difficiles aujourd’hui selon vous ?
Lenaïg : Discriminations, peut-être que le mot est trop fort, mais c’est vrai que moi, je définis la discrimination comme quelque chose qu’on ne traite pas de la même façon. Aujourd’hui je ne suis pas sûre que le rugby masculin et le rugby féminin en France soient valorisés de la même façon, et traités de la même façon.
En équipe de France aujourd’hui, on commence à avoir des bases très solides, on a un contrat professionnel, mais il faut savoir que dans les clubs, les joueuses sont 100 % amateurs. C'est-à-dire qu’elles ne gagnent pas d’argent pour jouer au rugby. Cependant c’est trois, voire quatre entraînements par semaine, des week-ends où on part aux quatre coins de la France pour aller jouer des matchs, des séances de musculation… C’est un engagement qui est total ! Et, aujourd’hui, pour très peu de valorisation, que ce soit en termes de rémunération, bien sûr, c’est ce qui frappe en premier aujourd’hui, un joueur du Top 14, je crois que la moyenne est autour de 20 000 € par mois, et c’est une moyenne. 
Moi je suis partie vivre en Angleterre, parce que c’est le premier championnat professionnel au monde. C’est-à-dire qu’on a contractualisé les filles, avec de très petits salaires, pas des salaires très aisés, mais on a 12 personnes dans notre staff, on a 40, 45 voire 50 joueuses dans notre effectif, ce qui permet à tout le monde de progresser, il y a une certaine émulation, on a des droits TV qui commencent à arriver… Donc tu vois, la discrimination, peut-être que le mot est fort, mais je le vois comme ça dans notre sport.

Journaliste : Et vous Julien qu’est-ce que vous en pensez ?
Julien : Tout simplement je trouve vraiment que, en voyant les filles, car il y a aussi le rugby féminin au Stade Toulousain bien sûr, on se dit qu’on est des privilégiés. On a un bon salaire, on vit de notre passion, c’est royal. Quand on finit notre journée d’entraînements, donc on s’est entraînés le matin et l’après-midi puisqu’on est professionnels, c’est vrai que quand on repart, par exemple moi, quand je rentre chez moi ou que je vais en ville manger au restaurant, je passe devant le stade… Je vois les filles sur le terrain, la rocade du stade, à 21h ou 20h, s'entraîner. 
On se dit qu’elles ont vraiment du mérite pour travailler toute la journée et ensuite aller s’entraîner, ce n’est vraiment pas facile, parfois il pleut… Il y a 4 ou 5 ans, le rugby féminin on ne le voyait pas autant, et aujourd’hui c’est vrai que tu peux suivre par exemple le Tournoi des Six Nations, mais ça ne reste que pour l’équipe de France. Je pense que si c’était un peu plus médiatisé, plus diffusé, car c’est ça aussi qui fait rentrer les sous, notamment les droits TV… Bien sûr qu’il y aura du monde qui regardera, mais il faut que certains veuillent le diffuser et le fasse. J’espère pour elles que ce sera possible.

Journaliste : Lenaïg, vous parliez de médiatiser toutes les formes de rugby, est-ce que vous allez suivre le mondial de rugby-fauteuil qui se tiendra en parallèle de la Coupe du Monde de Rugby 2023 ?
Lenaïg : Oui, bien sûr ! On n’a pas tous la chance de passer sur France TV et d’avoir un sport très médiatisé, et je suis bien placée pour en parler parce que les premiers temps, nos matchs de l’équipe de France n'étaient pas diffusés. À chaque fois qu’on avait un tweet d’un joueur international, on était comme des dingues, parce qu’on pensait qu’on n’avait pas vraiment de valeur, pas vraiment de reconnaissance, et en fait on l’avait énormément du monde du rugby. 
Aujourd’hui je sais l’importance d’envoyer un petit message d’encouragement avant une compétition, donc bien évidemment que je serai leur soutien. J’ai vu dernièrement, et je les ai félicités sur les réseaux pour leur titre de champion d’Europe, doublement titrés. On sent qu’il y a une vraie détermination chez ces para-athlètes. La Coupe du Monde de Rugby 2023, ce sera évidemment les joueurs masculins qui seront mis à l’honneur pendant la compétition, mais ce sera aussi la fête de tous les rugbys, et notamment en célébrant toute la diversité, que ce soit le rugby féminin ou le rugby-fauteuil.

Journaliste : Julien, vous êtes l’un des capitaines du Stade Toulousain et vous faites partie de la caste des premières lignes, dans l’état d’esprit, dans les valeurs, qu’est-ce que ça veut dire exactement ?
Julien : Souvent on est stigmatisés parce qu’on est à part. Je sais juste qu’on travaille différemment du reste du groupe de temps en temps. Puisqu’on a tout un tas de trucs pour les cervicales, pour le haut du corps, par rapport aux mêlées, puisqu’on est directement impactés par ça, c’est nous qui sommes en première ligne. C’est vrai qu’on a un groupe WhatsApp « Première Ligne », on fait des repas que de première ligne, c’est peut-être ça qui fait qu’on est plutôt à part.

Journaliste : Julien, Lenaïg, vous avez tous les deux une solide expérience en équipe de France, et en compétitions internationales aussi, comment est-ce qu’on trouve sa place dans un collectif et dans une équipe ?
Julien : Ça passe par ce que tu montres sur le terrain, et ça montre aussi la personne que tu es, parce que le terrain reflète souvent la personne que tu es dans la vie. Par exemple le fait de ne rien lâcher ou de savoir que la personne peut compter sur toi etc., souvent ça aide ton intégration, en tout cas c’est comme ça que je l’ai vécu quand j’étais jeune. D’abord sur le terrain, et ensuite tu te fais des amis en dehors, je trouve que c’est comme ça que ça s’est passé.

Journaliste : Et vous Lenaïg c’est un peu pareil ?
Lenaïg : Oui exactement, je pense que c’est être soi-même aussi. Je trouve que ce qui est beau au rugby, c’est qu’on laisse la liberté de s’exprimer comme on souhaite le faire. Quand je suis arrivée, je ne connaissais pas vraiment ce qu’était le rugby, mais j’ai apporté ma singularité, le fait d’avoir été athlète de haut niveau, de courir vite, et finalement chacun apporte sa pierre à l’édifice. C’est ça qui est beau justement au rugby. Chacun apporte sa différence, malgré qu’il faille rentrer dans un cadre collectif.

Journaliste : Qu'est-ce qui a été le plus difficile pour accéder au plus haut niveau ?
Lenaïg : Le fait d’avoir été sélectionnée en équipe de France, après avoir joué un an et demi au rugby. C’était génial, quelque chose de fabuleux de représenter son pays, mais finalement peut-être que c’était trop tôt, et que je n’avais pas encore cette légitimité, j’avais vraiment le sentiment du syndrome de l’imposteur : « Est-ce que j’ai le droit d’être ici ? Est-ce que je mérite d’être ici ? ». 
Et clairement je l’ai ressenti dans le comportement de mes coéquipières. Parfois elles ont été très dures. Chose qui est complètement différente aujourd’hui, puisqu’on nous explique comment intégrer des nouvelles dans un groupe. Il y a eu juste avant la Coupe du Monde de 2022, plus d’une quinzaine de nouvelles joueuses qui sont arrivées dans le groupe, et là on a fait en sorte que les jeunes se sentent à l’aise, intégrées, tout en montrant qu’on en attendait beaucoup d’elles sur le terrain. Mais il y a eu énormément de bienveillance et d’écoute par rapport à ce que j’ai pu vivre moi quand je suis arrivée en équipe de France.

Journaliste : Et vous Julien ?
Julien : Quand je suis arrivé au Stade en 2014, il y avait encore beaucoup d’anciens. Tu es le jeune nouveau qui arrive… Il n’y a pas forcément les trucs de bizutages mais en tout cas tu restes à ta place, tu parles quand on te le dit ou presque. Ce n’était pas non plus démesuré, tu avais le droit de parler, de t’exprimer et d’évoluer comme bon te semble ! 
Mais ça t’aide aussi pour tout le long de ta carrière, même en dehors du terrain. Quand tu fais, par exemple, des interviews dans les médias, le fait de ne pas t’emballer, de rester à ta place, tu n’as rien fait encore donc tu gravis les échelons petit à petit. Le fait juste de rester à sa place, je trouve ça très important, grâce au respect par rapport aux anciens.

Journaliste : C’est quoi votre meilleur souvenir avec votre équipe ?
Julien : Le meilleur souvenir c’est bien sûr le premier match, je me souviens encore de la date, c’était avec le Stade Français, en octobre 2014, un samedi soir à Ernest Wallon, ça faisait 5 défaites d'affilée, ça avait dû déjà arriver mais ce n’était pas top pour le club, et ce soir-là on avait gagné, j’avais commencé le match, c’était Cyril Baille qui lançait à ma place. Avec la pression je vous laisse imaginer… 
Ensuite, les titres, ça reste toujours gravé, c’est quelque chose de génial, que ce soit avec le club, le premier titre en 2019, où je ne jouais pas, j’étais blessé, mais pour moi c’est le plus joli. Et ensuite, avec l’équipe de France, le Grand Chelem, c’était quand même quelque chose de très beau. Et en 2021 il y eu le doublé au Stade, je n’ai participé qu’à une finale mais c’est ce qui reste le mieux car il y avait toute l’équipe autour.

Journaliste : Et vous Lenaïg ?
Lenaïg : Comme on est en année de Coupe du Monde, j’ai bien envie de parler de celle que j’ai faite avec l’équipe de France en 2017. Je m'en rappelle, j’espère que Julien ce sera le même cas pour toi. On avait un groupe de nanas vraiment canons, on sentait qu’elles s'appropriaient vraiment le projet, celui d’aller gagner, mais aussi le projet de vivre ensemble autour de cette compétition. 
Il y avait le comité des fêtes, on l’appelait comme ça, qui était chargé de faire toutes les petites animations pendant la période de préparation qui est très dense et très lourde physiquement, mentalement on te pousse à bloc pour voir qui va être sélectionnée pour la prochaine Coupe du Monde, et qui mérite sa place. 
Il y a énormément de tension via la sélection, et malgré ça, il y avait tous ces petits jeux organisés par le comité des fêtes qui permettaient de se rappeler qu’il y avait une compétition au bout, mais finalement on était en train de vivre des moments extraordinaires, et aujourd’hui je suis fière de dire que grâce au rugby, je me suis faite des amies pour la vie.

Journaliste : Julien, la Coupe du Monde approche, comment vous vivez la pression à l’approche de cet événement ?
Julien : Je pense que la pression va commencer à monter petit à petit pendant la préparation, on sait très bien que ça va être un gros bloc de physique, un gros bloc où ça va être chargé mentalement et physiquement, donc la pression viendra le jour du match d’ouverture, et elle viendra très très forte je pense. 
Il faudra essayer de la prendre positivement, d’enlever tout ce qui est négatif, parce que ça reste un événement avec beaucoup d'enjeux, mais ça reste aussi un sport donc il ne faut pas non plus se mettre la pression. On dit ça là, mais le jour du match on l’aura tous bien sûr.

Journaliste : Lenaïg, vous allez la suivre de près la Coupe du Monde ?
Lenaïg : Bien sûr, bien sûr… Déjà parce qu’ils nous font rêver, clairement parce qu’ils pratiquent un jeu qui donne envie de les regarder. On sent qu’il n’y a pas forcément de postes dans l’équipe, que tout le monde peut être polyvalent, et on sent qu’il y a une force dans cette équipe de France qui est belle à voir. De la maturité aussi, malgré le jeune âge des joueurs, et une détermination à aller la chercher. 
Je pense qu’on ne se rend pas compte de la chance que l’on a aujourd’hui, d’avoir des équipes de France très performantes. Que ce soit même aussi chez les filles, mais au rugby à 7 également, on se régale sur tous les terrains ! Il faut profiter de tout ça, d’autant plus que cette Coupe du Monde va avoir lieu en France, pour moi ça va être quelque chose de super fort de pouvoir suivre ça de très près.

Journaliste : Ce podcast s’appelle Aujourd’hui pour Demain, alors j’ai une dernière question pour vous, que souhaitez-vous aujourd’hui pour demain ?
Lenaïg : Moi aujourd’hui je suis quelqu’un de très engagée notamment sur le domaine de l’environnement, et je lance des ateliers de sensibilisation à l’environnement, à travers le jeu, ça s’appelle le Climate Workout, c’est une espèce de Koh-Lanta Climat, où l’idée c’est que pendant 1h30 on se bouge pour la planète, on apprend des chiffres et des données qui donnent envie de lutter contre le réchauffement climatique. 
Il faut qu’on avance beaucoup plus que ça, parce qu’on sait qu’il y a de plus en plus de sécheresse, d’incendies, des gens qui manquent d’eau aujourd’hui en France, de canicules… Donc je n’ai pas envie que ce soit notre quotidien permanent dans les prochaines années. Et pour ça je m’engage, et j’ai créé cet atelier avec un autre de mes amis éco-aventurier très engagé aussi, Matthieu Witvoet. C’est beaucoup de choses passionnantes qui vont arriver, et je sens que je vais m’éclater ! 
Et aussi autour du public féminin, parce que j’ai vu tout ce que le sport a pu m’apporter dans ma carrière, et je suis énormément sollicitée en entreprise pour échanger sur le leadership au féminin, et comment on évolue en tant que femme dans des milieux très masculins, donc je lance des séminaires à base d’ateliers de rugby.

Journaliste : Et vous Julien qu’est-ce que vous souhaitez aujourd’hui pour demain ?
Julien : Aujourd’hui pour demain… Je ne vais pas tout énumérer mais il y a beaucoup de choses notamment sur l’environnement et la planète, c’est quelque chose qui doit nous toucher tous et je pense que c’est en train de bien évoluer même si ce n’est jamais assez. Et ensuite d’un point de vue rugbystique, je souhaite une très bonne fin de saison pour le Stade Toulousain, en essayant de remporter le Brennus, j’espère. 
Et également la Coupe du Monde qui arrive, essayer de faire le meilleur résultat possible, en tout cas en donnant tout et en ayant aucun regret ! Tout donner sur le terrain pour espérer remporter cette compétition. Mais encore une fois cette équipe de France malgré tout, même si ça fait 4 ans déjà qu’on joue tous ensemble, elle reste jeune, donc je suis sûr qu’il y aura encore de belles choses à faire par la suite. Mais les objectifs qui vont arriver vite c’est avec le Stade, de remporter le Top 14, et essayer d’aller le plus loin possible lors de la Coupe du Monde.

Journaliste :
Merci beaucoup Lenaïg Corson et Julien Marchand.
Lenaïg : Merci !
Julien : Merci à toi !

Journaliste :
Rendez-vous très bientôt pour un nouvel épisode d’Aujourd’hui pour Demain, le podcast des initiatives positives, proposé par GMF.

 

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Épisode 6 - Paroles d'Ovalie 1 - Pour l’amour du rugby

Ambassadeurs GMF à l'occasion de la Coupe du Monde de Rugby 2023 en France, Cédric Nankin, joueur de Rugby-fauteuil et champion d'Europe en titre, et Charles Ollivon, troisième ligne du Rugby Club Toulonnais et du XV de France nous parlent rugby.

Journaliste :  
Demain vous questionne : vous vous demandez comment répondre aux défis sociétaux et environnementaux, comment envisager une société plus humaine et plus inclusive.
Dans Aujourd’hui pour Demain, le podcast des initiatives positives proposé par GMF, partez à la rencontre de celles et ceux qui s’engagent et se mettent au service des autres.

Journaliste :  Aujourd'hui, nous recevons Cédric Nankin et Charles Ollivon, tous deux joueurs de rugby professionnels. Cédric, vous avez découvert le rugby-fauteuil à 25 ans seulement, pour ceux qui ne connaissent pas encore cette discipline, pouvez-vous nous la présenter en quelques mots ?
Cédric : Le rugby-fauteuil c’est un sport qui est fait pour les personnes handicapées. C’est un sport de contact, un de rares sports de contact qui est accessible aux personnes handicapées, surtout avec de lourds handicaps. Le principe c'est de franchir la ligne d'en-but en ayant le contrôle de la balle pour pouvoir valider un essai, et à côté de ça on a le droit à pratiquement tous les contacts de fauteuils, mais aucun contact physique. Voilà en gros ce qu’est le rugby-fauteuil.

Journaliste : Et vous Charles si on vous demandait la même chose, comment est-ce que vous nous raconteriez le rugby ?
Charles : Le rugby très simplement c’est une bande de copains qui défend son équipe, quand il n’y a plus le ballon il reste les copains. C’est un jeu où, sans le copain d’à côté on n’est rien, sans les efforts de 14 mecs, on n’arrive à rien. Le collectif toujours à mettre en avant, et un sport avec de belles valeurs car il faut s’engager, mettre son corps sur la ligne, ça fait parfois des dégâts mais quand on est ensemble, tout est beaucoup plus simple.

Journaliste : Cédric, je sais de source sûre que vous n’aviez jamais envisagé de carrière de sportif de haut niveau, alors comment en êtes-vous arrivé là ?
Cédric : Clairement en rencontrant Ryadh Sallem. À la base c’était pour trouver du travail, il m’a proposé de pratiquer un sport, j’ai dit : « Ok ! ». Au début je n’étais vraiment pas pour, et en fait je m’éclate là-dedans, puis assez rapidement, j’ai été appelé en stage en équipe de France. Puis voilà… La suite de l’histoire.

Journaliste : C’est quoi la suite de l’histoire ?
Cédric : C’est double champion d’Europe, c’est d’aller participer à des Jeux Paralympiques, puis aussi de se dire que le but c’est d’aller chercher la médaille à la maison aux Jeux Paralympiques qui arrivent en 2024.

Journaliste : Et pour vous Charles, le rugby c’était une évidence depuis toujours ? En plus vous êtes né à Bayonne !
Charles : Oui je suis né à Bayonne, c’est vrai que le Pays Basque c’est un endroit de France où le rugby est le sport roi, puis je ne me suis pas vraiment posé la question parce que j’ai suivi mon grand frère à l’école de rugby, j’avais 3 ans lui en avait 6, donc il n’y avait pas vraiment de catégorie pour moi, les 3-4 ans. Du coup j’ai essayé de me greffer aux copains qui étaient un peu plus grands, j’étais un peu le lourd qui voulait jouer avec eux, mais qui n’avait pas trop le droit. Mes parents nous accompagnaient, et voilà, c’est une passion, c’est le sport que j’aime, et ça le restera toute ma vie.

Journaliste : On peut dire que vous êtes tombé dedans quand vous étiez petit ?
Charles : Oui, vraiment quand j’étais tout petit (rires). Le lundi, mardi on avait école, jeudi, vendredi pareil, le samedi on allait à l’école de rugby, le dimanche on regardait l’équipe première du village jouer, donc c’était : école et rugby.

Journaliste : Cédric, le rugby-fauteuil est un sport mixte, d’après vous qu’est-ce que ça change ?
Cédric : Je trouve ça juste génial en fait d’avoir associé tout le monde. Quand je dis tout le monde, on est une partie des handicapés. Si on n’est pas assez handicapé, on ne peut pas pratiquer le rugby-fauteuil, c’est un peu la discrimination inversée. Mais on a cette ouverture en disant qu’on peut avoir des camarades qui sont des filles et qui peuvent jouer avec nous, et qui jouent aussi bien, voire mieux à certains moments. 
Je trouve ça génial que tout le monde puisse jouer ensemble, sans catégoriser, car c’est vrai que souvent on catégorise par type, genre, et là, tout le monde joue ensemble au même niveau.

Journaliste : Et vous Charles, qu’est-ce que vous pensez de la place des femmes dans le rugby ?
Charles : Aujourd’hui on voit bien que les femmes prennent une place de plus en plus importante, notamment dans le Tournoi des Six Nations, où les matchs de l’équipe de France féminine sont de plus en plus médiatisés je trouve. Il y a aussi une bonne équipe en France ces dernières années, ça aide aussi à promouvoir le rugby féminin donc c’est une bonne chose, et puis souvent on se croise à Marcoussis, c’est sympa, ça donne lieu à quelques échanges et c’est bien que ce soit un sport ouvert à tous, aux jeunes, aux moins jeunes, aux filles, aux garçons… Le rugby c’est un sport comme ça, il faut surtout que ça le reste et que ça continue comme ça.

Journaliste : Vous êtes tous les deux à la tête d’une équipe, c’était écrit pour vous ? Qu’est-ce que ça implique comme état d’esprit, comme valeurs ?
Charles : Cédric tu veux répondre pour commencer ?

Journaliste : (Rires) Lequel se jette à l’eau ?
Charles : Qu’est-ce que ça représente ? Être parmi les leaders d’une équipe c’est déjà être un exemple, parce qu’on ne peut pas être un leader si on arrive en retard, si le week-end sur le terrain on ne fait pas le boulot… Si en dehors du terrain on n’est pas irréprochable, on ne peut pas être leader et avoir une parole qui porte au sein du groupe. Puis essayer d’emmener tout le monde avec soi, que tout le monde se jette dans le projet en ayant le même ressenti, la même sensibilité, parce que c’est important de s’approprier le projet d’une équipe, et essayer que chaque membre d’une équipe, que ce soit le staff, les joueurs… Que tout le monde soit sur la même page et aille dans la même direction, je crois que c’est très important.
Cédric : Pour moi c’est clairement ça, après ce qui m’a changé et qui a fait ça, c’est mon implication, puisqu’on est dans un sport qui est très jeune en France, les débuts étaient en 2008, quand on m’a dit : « Cédric on va te mettre capitaine », au début je me disais : « Ah oui, ok ! », c’est une sacrée responsabilité comme il a dit. Il faut arriver à l’heure, être un peu l’exemple… Mais je ne suis pas tout le temps à l’heure…(rires). L’autre jour j’ai vu dans un reportage, une jeune fille qui avait eu un accident. Elle est quadruple amputée. Je lui ai envoyé un petit message : « Salut, est-ce que tu connais le rugby-fauteuil ? », et maintenant quand je la vois s’éclater sur le terrain et qu’elle ne lâche pas l’affaire, je me dis que mon taff il est fait. Trouver des nouveaux joueurs c’est aussi ça que j’aime dans mon sport !

Journaliste : Cédric, est-ce que ça vous arrive d’avoir des périodes de doutes, où vous vous remettez en question ?
Cédric : J’ai eu une blessure à l’épaule pendant un long moment, il y a une saison où je n’ai pas joué du tout. J’étais complètement à l’arrêt, l’équipe de France partait en stage ou en compétition, j’allais juste au stage de l’équipe de France pour garder un petit lien avec eux, mais sinon je n’étais pas aux compétitions. Du doute non, mais il y avait la qualification pour les JO de Tokyo, au championnat d’Europe qui arrivait, et j’avais toujours des douleurs aux épaules et en fait j’ai quand même été sélectionné. 
Je suis parti, j’ai fait un tournoi avant le championnat d’Europe, et à ce tournoi-là, j’arrive, je joue, il y avait quand même de belles équipes, je joue beaucoup pour une reprise, et je me retrouve meilleur joueur de ma catégorie à ce tournoi-là. Je me suis dit : « Ok, plus besoin de s’entraîner ! (rires) C’est génial ce sport ! ». 
C’est aussi là qu’on voit un peu le manque de professionnalisme qu’on peut avoir, c’est un sport qui reste très amateur pour nous, parce qu’il n’y a pas vraiment de suivi médical, on se débrouille un peu comme on peut, comme on le sent, et je pense que j’avais repris un peu trop tôt à ce moment-là parce que je suis parti en championnat d’Europe avec des douleurs d’épaules sans vraiment de suivi, sans vraiment de médecin avec nous. Ce n’était pas top, et j’ai dû jouer parfois avec des grosses douleurs en essayant de tenir le truc, et on ne s’est pas qualifié, c’était un beau regret cette qualification. 
Mais après des doutes en soi, sur la performance, savoir si on va revenir, je me dis toujours de profiter du moment présent, en me disant que ce qui doit arriver arrivera, puis on verra jusqu’où ça ira. Après je ne mets pas de limite dans mes pensées, si ça s’arrête, j’ai eu une vie avant, j’aurai une vie après, enfin je pense.

Journaliste : Et pour chacun d’entre vous, qu’est-ce qui a été le plus difficile pour accéder au plus haut niveau ?
Cédric : C’est plus de pouvoir prendre le temps financièrement. Au début je travaillais et c’était assez compliqué de se dire que si tu veux progresser et aller en équipe de France, tu dois clairement arrêter de travailler pour pouvoir t’entraîner assez souvent, et pouvoir progresser. J’ai pu être embauché par mon association sur un contrat aidé, donc ça ne mettait pas de l’argent et de l’argent, mais ça permettait d’avoir un petit contrat de 24h et pouvoir continuer ma préparation physique et pouvoir m’éclater dans mon sport.
Charles : Et moi, j’ai eu une grosse blessure à l’omoplate il y a à-peu-près 4-5 ans, qui ne se consolidait pas et ça a été un peu mon coup dur qui m’a sorti des terrains pendant 2 ans à-peu-près.

Journaliste: Comment vous êtes-vous fait cette blessure ?
Charles : Un contact direct sur l’épaule, et ça a cassé de haut en bas, c’était une fracture assez violente. Mais ce n’était pas tellement ça, la fracture était longue, importante etc., mais ça ne consolidait pas donc ça a un peu nécrosé et du coup ça revenait, et le problème c’était que c’était à un endroit où il y a un nerf qui passait derrière l’épaule, et donc si on voulait accéder à la fracture pour la réduire et la stabiliser, il y avait un risque de perte de sensibilité, et que mon bras soit mort, donc c’est pour ça que c’était compliqué. Et ça a été difficile de trouver un chirurgien qui voulait bien s’occuper de moi. Voilà, mon coup dur ça a été ça.

Journaliste : Vous avez donc traversé toute une période pendant laquelle vous avez cru ne jamais pouvoir revenir sur le terrain ?
Charles : Oui, en fait il n’y avait pas de chirurgien. Tous les grands noms des chirurgiens d’épaules que j’ai consultés, qu’on m’a envoyés voir, m’ont tous dit que c’était cuit donc il a fallu que je prenne mon sac à dos et que j’aille en voir un peu de partout jusqu’à en trouver un, donc ça a été long, dur, parce que tu ne sais pas où tu vas… 
Beaucoup de questions dans la tête, jamais de réponse, que des refus, mentalement ça a été dur. Mais c’est aussi quelque chose qui m’a forgé, qui m’a fait du bien, j’ai appris sur moi aussi, et je m’en suis sorti ! Comme d’autres joueurs qui se blessent, comme des coups durs dans la vie, comme beaucoup de gens ont, donc comme les autres, je suis passé par des moments compliqués puis voilà, on s’en relève.

Journaliste : Et à ce moment-là est-ce que vous avez pu envisager une vie sans le rugby, ou c’était impossible pour vous ?
Charles : Non, on me l’a beaucoup posée cette question. J’étais tellement animé par le fait de trouver une solution, que je me suis toujours battu. Il n’y a pas un moment où j’ai dit : « Tant pis ! J’arrête de batailler, de prendre des rendez-vous, d’aller à droite, à gauche ! ». Je ne l’ai pas envisagé puisque je ne me suis jamais arrêté de courir de partout, et d’essayer de traverser la France pour trouver quelqu’un, donc non je ne me suis jamais arrêté.

Journaliste :  Et votre plus chouette souvenir en revanche, dans votre carrière de rugbyman, qu’est-ce que ce serait ?
Charles : Je dirais la Coupe du Monde 2019, parce que je sortais de 2 ans de galère, sans jouer, puis j’ai été pris après quelques matchs de Top 14 pour faire une préparation pour laquelle j’étais réserviste. Et c’est vrai que je me suis battu comme un chien pendant 2 mois à travailler dur, jusqu’au moment où j'ai su que j’allais pouvoir m’envoler pour le Japon. 
C’est vrai que ça a été des émotions très fortes, donc voilà, s’en est suivi ce premier match contre les Argentins qu’on a gagné, ensuite il y a eu le quart de finale… Voilà c’est ce moment-là, cette Coupe du Monde au Japon, où je suis passé de rien du tout, à des émotions incroyables, et une Coupe du Monde qui est la plus grande compétition qu’on peut jouer. Ça a été un incroyable ascenseur émotionnel.

Journaliste :  Et vous Cédric, c’est quoi votre plus beau souvenir ?
Cédric : Je pense que c’est la victoire contre la Grande-Bretagne au premier championnat d’Europe. Ils venaient d’être, l’année d’avant, champions paralympiques en titre, et on a maîtrisé le match du début à la fin, et ils reviennent à la fin à 1 point d’écart… On s’est dit : « Qu’est-ce qu’on est en train de faire, on est en train de devenir champions d’Europe ? ». C’est juste magique, en plus il y a la famille dans le public, les amis, les collègues, il y a des gens de partout qui sont venus, la salle est pleine, et on n’a pas l’habitude nous d’avoir des salles qui sont pleines. Puis là, avec l’ambiance, c’était vraiment magique.

Journaliste : La Coupe du Monde de Rugby-Fauteuil va se dérouler en parallèle de la Coupe du Monde de Rugby 2023. Pour vous Cédric, c’est forcément une bonne nouvelle car ça va donner de la visibilité à ce sport extraordinaire. Et vous Charles, qu’est-ce que vous en pensez ?
Charles : Je trouve que c’est super, on pourra faire un petit parallèle, je sais qu’il y a aussi les Jeux pour Cédric en 2024. Je crois que c’est génial pour Cédric et son équipe de pouvoir jouer devant du monde, avec du public, c’est vrai qu’on est tous pareils je pense, on rentre dans des enceintes où il y a du bruit, où il y a des gens, c’est vrai que ça décuple la motivation, ça donne des frissons, ça nous motive énormément. 
Donc voilà c’est une bonne chose, il faut que les gens puissent accéder à ces matchs-là, et c’est ce qui se passera, donc c’est bien.
Les organisateurs de la Coupe du Monde de Rugby 2023 ont aussi annoncé qu’ils voulaient élargir l'accès des personnes en situation de handicap dans les stades de la compétition. J’imagine que c’est un sujet hyper important pour vous deux, que le rugby soit toujours plus accessible. Qu’est-ce qui pourrait être entrepris pour que les choses s’améliorent encore ?
Cédric : On peut toujours faire mieux. Quand je vais dans des salles, que ce soit de concerts ou des stades, souvent les personnes en fauteuil, on est placées à part de nos amis ou de nos collègues avec qui on est venus. Quand je vais en concert ou voir un match, c’est pour être avec la bande de potes avec qui j’ai réservé les billets, le but c’est d’être ensemble. 
Il y a des endroits où c’est un peu galère, tu es tout seul à vivre ton truc alors que les potes sont derrière en train de vivre le truc ensemble, et toi tu es en retrait… Des places où on peut être à plusieurs, ça pourrait être sympa, mais bon, il y a déjà pas mal de choses qui sont faites, mais on peut toujours améliorer certains espaces je pense.

Journaliste : Vous connaissez le nom du podcast qui nous rassemble aujourd’hui, ma dernière question est donc : que souhaitez-vous aujourd’hui pour demain ?
Charles : Ce que je souhaite aujourd’hui pour demain, c’est que Cédric gagne les JO 2024 et que moi je gagne la Coupe du Monde 2023. (rires)

Journaliste :  Et vous Cédric ?
Cédric : Moi c’est clairement qu’on gagne en 2023, pour nous au rugby-fauteuil et que l'équipe de France de rugby traditionnel aussi gagne en 2023, et qu’on fasse la fête ensemble. Ce serait top.
Charles : Ouais !
Cédric : Ce serait vraiment énorme dans un premier temps, et après la médaille d’or à Paris ce serait magique aussi pendant les Jeux, ce serait l’aboutissement de toutes les galères en fait.

Journaliste : Merci beaucoup Cédric Nankin et Charles Ollivon pour cet échange.
Charles : Super, merci beaucoup !
Cédric : Salut !

Journaliste : 
Rendez-vous très bientôt pour un nouvel épisode d’Aujourd’hui pour Demain, le podcast des initiatives positives, proposé par GMF.
 

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Épisode 5 - Les sociétaires ont trouvé à qui parler

Dans cet épisode, GMF vous emmène à la rencontre de Thérèse Moinet, ancienne militaire de l’Armée de l’Air, aujourd’hui chargée de mission pour l’ANS, l'Association Nationale des Sociétaires de GMF.

Elle raconte parcours et nous explique son action, le rôle du chargé de mission, véritable liant entre le sociétaire et GMF, ainsi que le fonctionnement du fonds d’entraide, socle de l’esprit mutualiste des sociétaires GMF.

Journaliste :
Demain vous questionne : vous vous demandez comment répondre aux défis sociétaux et environnementaux, comment envisager une société plus humaine et plus inclusive.
Dans Aujourd’hui pour Demain, le podcast des initiatives positives proposé par GMF, partez à la rencontre de celles et ceux qui s’engagent et se mettent au service des autres.

Journaliste : Aujourd’hui, Thérèse Moinet nous parle de son rôle de chargée de mission, au sein de l’Association Nationale des Sociétaires de GMF, que l’on peut aussi abréger en ANS-GMF. Pour commencer Thérèse, pouvez-vous vous présenter ?
Thérèse Moinet : Je m’appelle Thérèse Moinet, j’habite à Montigny-le-Bretonneux, j’ai une carrière militaire, j’ai servi la France et les Français pendant presque 45 ans, au sein de l’Armée de l’Air.

Journaliste : Quel était votre métier ?
Thérèse Moinet : Alors, j’ai eu plusieurs de métiers comme beaucoup d’officiers dans l’Armée de l’Air et dans d’autres armées. J’ai d’abord été contrôleur aérien, donc un métier plutôt opérationnel. Ensuite j’ai fait une partie administrative et financière, et j’ai terminé par une partie dialogue social avec les militaires.

Journaliste : Et qu’est-ce qui vous a menée jusqu’à GMF ?
Thérèse Moinet : Je suis sociétaire depuis plus de 40 ans chez GMF, et j’ai rencontré un militaire qui était aussi chargé de mission auprès de l’Association Nationale des Sociétaires de GMF, il m’a proposé d’entrer dans le comité qu’il animait. Un comité composé donc de membres, de sociétaires de GMF.

Journaliste : Et dans ce comité, qu’est-ce qu’il se passe ? Qu’est-ce qui vous amène à devenir chargée de mission ?
Thérèse Moinet : Alors ce premier comité m’a permis de voir tout de suite que les personnes qui étaient autour de la table étaient toutes des sociétaires, avec un parcours différent, un métier différent, une approche humaine « toute la même » par contre, c'est-à dire toujours prêt à aider les autres.

Journaliste : Et donc c’est à ce moment-là que vous découvrez vraiment le rôle de chargée de mission ?
Thérèse Moinet : Je découvre effectivement à ce moment-là, le rôle de chargée de mission, qui est là pour essayer de faire remonter les interrogations des représentants des sociétaires, qui va aider GMF à mieux comprendre les attentes des sociétaires. Le chargé de mission est là aussi pour aider les sociétaires qui sont en difficulté, même passagère, les aléas de la vie. Il y a un Fonds d’Entraide, qui est constitué par les sociétaires, c’est ce qu’on appelle l’esprit mutualiste des sociétaires.

Journaliste : Ce Fonds d’Entraide, comment est-ce qu'il fonctionne ? Quand est-ce qu’on peut le solliciter en tant que sociétaire ?
Thérèse Moinet : Ce Fonds d’Entraide existe, tous les sociétaires ne le savent pas. Il suffit d’en parler au responsable de l’agence à laquelle on appartient, ou alors on appelle directement le chargé de mission. Tous les numéros de téléphone, les coordonnées des chargés de mission sont dans les agences. Un exemple : un jeune homme qui m’appelle, et qui a un problème de dentition important, lié à une maladie auto-immune, et ce problème de dentition n’est pas pris en compte par son assurance. Nous avons discuté ensemble, j’ai présenté ce dossier à une commission d’attribution des secours qui se réunit tous les mois, et qui a accepté de venir en aide à cette personne.

Journaliste : Est-ce qu’on peut vous appeler pour faire le lien avec GMF ?
Thérèse Moinet : Un des rôles principaux du chargé de mission, c’est de faciliter le dialogue entre GMF et le sociétaire. Exemple : un sociétaire qui a des soucis, pour faire valoir son sinistre auprès de GMF, ou alors des lenteurs pour résoudre son problème, on est là pour mieux comprendre son souci, et de le faire valoir auprès de GMF et faire avancer plus rapidement son dossier. On est le liant entre le sociétaire et GMF, et ça évite des problèmes de recours, de réclamation, etc. Et ça fidélise les sociétaires à GMF.

Journaliste : Est-ce qu’il y a des spécificités sur le territoire de Versailles où vous êtes ?
Thérèse Moinet : Le territoire de Versailles, comme de Saint-Quentin-en-Yvelines, est très étendu, et sur Versailles en particulier, nous avons beaucoup de fonctionnaires, ou d’assimilés fonctionnaires, qui sont aussi sociétaires de GMF et que je peux rencontrer, mais il y a aussi beaucoup de retraités qui ont aussi besoin d’aide. Parce que les retraités sont parfois un peu plus âgés, et ont des difficultés avec tout ce qui est numérique, donc ils ont besoin qu’on les aide à finaliser leur dossier administratif ou de sinistre. Et c’est là aussi qu’on intervient quand ils n’arrivent pas à le faire.

Journaliste : Et vous Thérèse, qu’est-ce qui vous plaît dans cet engagement ?
Thérèse Moinet : Cet engagement me tient à cœur parce que j’ai toujours été au service des autres, j’ai toujours aidé les autres, d’une manière ou d’une autre, et là, les sociétaires qui m’appellent, sont des sociétaires qui sont en soucis, parce qu’ils ont un sinistre, ou parce qu’ils ont un aléa de la vie, ils ont besoin d’aide, et c’est à ce moment-là que je peux les aider et apporter mon soutien, pour que leurs soucis soient résolus.

Journaliste : Pour terminer Thérèse, que souhaitez-vous aujourd’hui pour demain ?
Thérèse Moinet : Je souhaite pour aujourd’hui, continuer à servir les autres, et tout particulièrement les sociétaires de GMF, mais j’ai également un projet de sensibilisation des enfants à la biodiversité et particulièrement à la nécessité des insectes pollinisateurs dans la nature. Parce que je suis persuadée que la solidarité et l’entraide n’ont de sens que si nous prenons soin de notre planète et de notre environnement.

Journaliste : Merci beaucoup Thérèse !

Journaliste :
Rendez-vous très bientôt pour un nouvel épisode d’Aujourd’hui pour Demain, le podcast des initiatives positives, proposé par GMF.

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Épisode 4 - Plus vite, plus haut, plus fort

Dans cet, épisode, GMF vous emmène à la rencontre de Florian Jouanny, collaborateur GMF et athlète de haut niveau triple médaillé en handbike aux Jeux paralympiques de Tokyo.

L’athlète, devenu tétraplégique en 2011 après un accident de ski, nous parle de sa passion pour le sport qui, après une période de doute l’a poussé à franchir un cap et à pratiquer le sport autrement. Un cap franchi avec succès car Florian Jouanny, en plus de briller dans cette discipline, y a trouvé une certaine autonomie, des sensations fortes et des valeurs qui lui sont chères, comme le dépassement de soi.

Il revient également sur le soutien de GMF, initié en 2013 à l’occasion d’un Ironman. Un soutien, financé par GMF Solidarités - Fonds d’entraide du Groupe GMF, devenu pérenne, sur le plan sportif tout d’abord, puis professionnel, avec son intégration en 2022 au département communication du groupe.

Journaliste :
Demain vous questionne : vous vous demandez comment répondre aux défis sociétaux et environnementaux, comment envisager une société plus humaine et plus inclusive.
Dans Aujourd’hui pour Demain, le podcast des initiatives positives proposé par GMF, partez à la rencontre de celles et ceux qui s’engagent et se mettent au service des autres.

Journaliste : Bonjour Florian Jouanny
Florian Jouanny : Bonjour !

Journaliste : Vous faites partie des 6 600 personnes qui travaillent chez GMF mais vous êtes aussi un sportif français de haut niveau : triple médaillé en handbike aux Jeux Paralympiques de Tokyo 2020. Comment expliquer votre goût immodéré pour le sport ?
Florian Jouanny : Comment l’expliquer, je sais pas. Mais en tout cas c’est quelque chose qui m’a pris très jeune. J’ai toujours été passionné de sport et j’ai toujours pratiqué. Moi je suis originaire de Bourg-d’Oisans qui est aux pieds de l’Alpe d’Huez, c’est une petite ville en montagne. Donc j’ai pratiqué les sports de montagne durant ma jeunesse. Et en 2011, j’ai eu un accident de ski, qui m’a rendu tétraplégique. Donc suite à ça, j’ai eu la volonté de continuer dans le sport, en tout cas de retrouver une manière différente de pratiquer.

Journaliste : Est-ce qu’à un moment, après votre accident, vous avez envisagé d’arrêter ou est-ce que c’était une évidence tout de suite que vous alliez continuer ?
Florian Jouanny : Il y a eu un petit laps de temps où on se pose la question de quoi sera fait demain, quel sera l’avenir, et on a beaucoup d’incertitudes. Mais très rapidement quand j’ai compris que je serai en fauteuil roulant, je me suis dit que je pouvais continuer, et que je devais continuer, en tout cas c’était un réel objectif.

Journaliste : Et vers quel sport vous vous êtes tourné ?
Florian Jouanny : Je me suis tourné vers le handbike qui est un vélo propulsé à l’aide des bras. Pourquoi le handbike ? Parce que ça m’a permis de retrouver l’autonomie, la sensation de vitesse dans les descentes et même sur le plat parce qu’on arrive à rouler relativement vite, et puis le dépassement de soi, tout plein de valeurs qui me tenaient et qui me tiennent toujours à cœur.

Journaliste : Quel rôle ce sport et peut-être d’autres ont joué dans votre parcours, si on peut dire, dans votre reconstruction ?
Florian Jouanny : J’ai retrouvé un peu ce que j’avais pu connaître avant mon accident, parce que le problème, c’est que quand je me suis retrouvé en fauteuil, toutes les activités que je partageais avant avec mon entourage, ça tombe à l’eau. C’était plus vraiment possible. Alors si le ski, c’est possible de faire du ski en fauteuil, sauf que dès que je tombe, j’ai besoin d’aide pour me relever ; pour prendre les remontées mécaniques, il y a toujours besoin de quelqu’un ; on n'est pas du tout autonome et on a l’impression de dépendre constamment de quelqu'un. Ça a été l’un des piliers, on va dire entre guillemets, de la reconstruction après l’accident.

Journaliste : Est-ce que c’est pas le bon mot « reconstruction » du coup ?
Florian Jouanny : Bah reconstruction ça veut dire que j’ai été détruit, j’en suis pas sûr. Peut-être qu’il y a eu, effectivement, quelques murs abîmés et que ça a aidé à les remettre en place.

Journaliste : Et la compétition, pourquoi la compétition ? Est-ce que c’était une évidence, est-ce que c’était un moteur ? Vous auriez pu garder le handbike comme passion ?
Florian Jouanny : Exactement ! Au début ce n’était pas du tout une évidence, j’ai dû pratiquer je pense bien quatre ou cinq ans purement en loisir. Et puis sur les réseaux sociaux, j’ai vu qu'il y avait des compétitions qui existaient. Donc là, j’ai voulu essayer. Et puis en fin de compte, j’ai bien accroché. Sur les premières compétitions, j’ai été très très loin, j’ai eu des grosses défaites qui m’ont provoqué pas mal de… presque de la tristesse, de la déception vraiment très forte. À ce moment-là, je me suis dit que je ne pouvais pas rester là-dessus, et j’ai voulu progresser, avec l’ambition d’un jour arriver au niveau des meilleurs.

Journaliste : C’est quoi c’est une espèce de sursaut d’orgueil ? « Ah non mais je ne vais pas rester au fin fond du classement » ?
Florian Jouanny : C’est ça c’est ça ! Ma première compétition, je crois que j’ai terminé dernier. Je me suis dit que c’était pas possibleparce que j’étais venu là sans vraiment savoir le niveau qu’il y avait,  mais en me disant : « non mais de toute manière, t’es jeune, ça fait quatre ans que tu pratiques, tu vas être pas mal ! ». Hé non, non non ! On en était très loin et du coup, ça a eu un peu une amertume. Et j’ai pas voulu rester là-dessus.

Journaliste : Donc c’est quoi après, c’est beaucoup d’entraînement ?
Florian Jouanny : Oui c’est beaucoup d’entraînement, essayer de comprendre ce qui contribue à la performance, tous les différents facteurs, que ce soit le sommeil, l’alimentation, l’hydratation, le matériel... bien sûr l’entraînement, c’est le premier des facteurs. Et un peu rassembler tout ça, optimiser toutes ces choses, pour arriver à être le meilleur possible.

Journaliste : Dans cette carrière sportive, quel soutien avez-vous trouvé auprès de GMF ?
Florian Jouanny : Alors, GMF a fait partie de mes premiers soutiens. J’ai eu l’idée en 2013 de me lancer le défi de réaliser un Iron Man. Donc un Iron Man, c’est un triathlon longue distance, à savoir 3,8 kilomètres de natation, ensuite on part pour 180 kilomètres de vélo et on finit avec un marathon. Donc pour ma part, c’est en fauteuil plutôt qu’en courant. Et donc quand j’ai eu ce défi, j’ai présenté le projet à GMF et via le Fonds d’Entraide, ils m’ont soutenu dans le financement de ce projet. Ça a été un soutien de longue durée, puisque chaque année, ils m’ont aidé dans le financement de ma saison, que ce soit via le matériel ou les frais de déplacement en compétition ou en stage. 
Et depuis juin 2022, j’ai intégré les équipes GMF à la communication, et donc ça me permet aujourd’hui d’être détaché une partie du temps, de pouvoir m’entraîner mais également d’avoir un pied dans l’entreprise, et surtout, d’envisager mon après-carrière de manière beaucoup plus sereine. Au tout début, il y a cet Iron Man. Et puis en 2020, il y a les Jeux Paralympiques à Tokyo. J’ai eu la chance que les Jeux soient décalés d’un an à cause du COVID, ce qui m’a permis de me qualifier. 
En 2020, j’ai fait deux médailles de bronze aux championnats du monde, qui m’ont donné mon billet d’entrée pour les Jeux de Tokyo. Et aux Jeux de Tokyo, ça a super bien marché, puisque j’ai fait sur trois courses, trois médailles de chaque couleur, donc beaucoup mieux que ce que j’aurais pu espérer avant d’y aller. C’était beaucoup de satisfaction, beaucoup de joie, de plaisir à la fois, bien sûr, à titre personnel, mais aussi pour tout l’entourage, qui depuis des années m’a toujours soutenu.

Journaliste : Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter, aujourd’hui, et pour demain ?
Florian Jouanny : Et bien, que la santé reste au beau fixe, que la forme soit toujours là, et surtout de performer aux Jeux de Paris 2024, ce qui est mon objectif principal à moyen terme.

Journaliste : Et vous plus largement, que souhaitez-vous aujourd’hui pour demain ?
Florian Jouanny : J’aimerais que le regard des gens évolue encore dans la bonne direction, vis-à-vis du handisport et du handicap de manière générale. Je pense que ça va dans la bonne voie avec les évolutions qu’il y a aujourd’hui et la médiatisation qu’on arrive à avoir sur le handisport, et j’espère pouvoir contribuer à ça à travers ma pratique sportive.

Journaliste : Merci Florian Jouanny pour votre témoignage !
Florian Jouanny : Avec plaisir !

Journaliste : 
Rendez-vous très bientôt pour un nouvel épisode d’Aujourd’hui pour Demain, le podcast des initiatives positives, proposé par GMF.

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Épisode 3 - Maths, quand les mots manquent

Dans cet épisode, GMF vous emmène à la rencontre Charles-Edouard Saint-Léon, maître ès mathématiques.

Professeur de mathématiques et bilingue en langue des signes, il a souhaité mettre ses deux passions en liens afin de permettre aux enfants sourds d’accéder aux savoir, et notamment à sa matière de prédilection.

Un projet récompensé cette année par le Prix « Egalité des chances » du Prix Chercheurs en actes.

Il nous raconte son parcours, qui l’a amené à parler en langue des signes, jusqu’à ses travaux divers autour des mathématiques, ainsi que ses recherches et le développement de méthodes d’apprentissages adéquates pour ces enfants.

Journaliste :
Demain vous questionne : vous vous demandez comment répondre aux défis sociétaux et environnementaux, comment envisager une société plus humaine et plus inclusive.
Dans Aujourd’hui pour Demain, le podcast des initiatives positives proposé par GMF, partez à la rencontre de celles et ceux qui s’engagent et se mettent au service des autres.

Journaliste : Aujourd'hui, nous recevons Charles-Edouard Saint-Léon. Pour commencer, est-ce que vous pouvez vous présenter ?
Charles Edouard Saint-Léon : Oui, enchanté ! Je m'appelle Charles-Edouard Saint-Léon, je suis professeur agrégé de mathématiques. Alors j'enseigne à l'INSPE, l'Institut National Supérieur du Professorat et de l'Éducation, je suis membre de l'IREM, l'Institut de Recherche sur l'Enseignement des Mathématiques et j'enseigne dans le secondaire à la FSEF, la Fondation Santé des Étudiants de France.

Journaliste : Quelques mots peut-être sur l'Institut de Recherche sur l'Enseignement des Mathématiques : qu'est-ce que vous y faites ? Et qu'est-ce que c'est ?
Charles Edouard Saint-Léon : Alors dans cet institut, il y a beaucoup de groupes de travail. Ça peut être un travail sur les maths et les jeux par exemple, et le groupe où je travaille, ça s'appelle « Maths Monde ». Tous les ans, il y a un séminaire qui dure une journée à destination des professeurs du second degré, qui parle de la façon dont les maths sont enseignées dans plusieurs pays : il peut y avoir l'Angleterre, il peut y avoir la Roumanie, la Russie, etc... Et depuis 3 ans, je représente la langue des signes dans ce groupe.

Journaliste : L'idée, c'est de s'inspirer aussi les uns des autres ?
Charles Edouard Saint-Léon : Oui bien sûr ! C'est de présenter comment les maths sont enseignées dans d'autres pays pour pouvoir y extraire des choses intéressantes pour notre pratique d'aujourd'hui, prendre du recul. 
Et pour ce qui est de la langue des signes, c'est assez particulier, parce que les programmes scolaires sont ceux de la France, donc je n'ai rien à rajouter par rapport à ce que le public connaît déjà. Donc c'est plutôt une recherche que je fais par rapport aux pratiques langagières dans l'enseignement des mathématiques ici en France.

Journaliste : Qu'est-ce qui vous a amené, vous, à travailler sur la langue des signes ?
Charles Edouard Saint-Léon : Quand j'étais plus jeune, il y avait des amis de la famille qui étaient sourds, et puis progressivement, j'ai été amené à les aider pour quelques démarches, pour interpréter, etc. C'est là que j'ai appris avec eux la langue des signes. J'étais passionné par cette langue. Et donc au fur et à mesure jusqu'à présent, ça fait 17 ans maintenant, donc je pratique la langue des signes, je suis bilingue aujourd'hui. Et j'ai commencé dans le domaine professionnel à travailler avec la langue des signes surtout il y a 3 ans.
Pendant la pandémie, j'avais un objectif personnel : il s'agissait de valider un diplôme. Pour valider ce diplôme, il y a plusieurs matières, c'était un diplôme de mathématiques, purement. Et il y avait notamment un stage, qu'on pouvait réaliser pour valider le diplôme. Alors on m'a proposé de faire un stage dans l'IREM justement, dans le groupe Maths Monde, alors j'ai dit oui. Et puis, j'ai proposé quelque chose donc en langue des signes.

Journaliste : Quelles sont les problématiques spécifiques à l'enseignement des mathématiques auprès des enfants sourds et malentendants ?
Charles Edouard Saint-Léon : Alors tous les professeurs de mathématiques le disent, la compréhension des consignes pose une vraie difficulté pour les élèves sourds de naissance. 
Puisqu'un élève qui n'a jamais entendu la langue française aura plus de mal à comprendre le sens des phrases qui lui sont imposées, même s’il a appris les mots, il a appris l'alphabet, le sens va être plus difficilement accessible. 
Et donc l'apprentissage mathématique passe souvent par des définitions, des énoncés, et la barrière de la langue française est déjà présente, donc il y a déjà cette première difficulté.

Journaliste : Ça représente beaucoup d'élèves en France ?
Charles Edouard Saint-Léon : Alors il y a eu un rapport du ministère de l'Éducation nationale publié en juillet 2021, qui donne le chiffre d'à peu près 10 000 élèves sourds en France déclarés en situation de handicap.

Journaliste : Et quelles sont les solutions peut-être que vous avez imaginées pour pallier ces difficultés ?
Charles Edouard Saint-Léon : Alors je me suis demandé si l'usage de la vidéo en langue des signes pouvait aider les élèves à surmonter leurs difficultés d'apprentissage de la langue française en rapport avec les mathématiques. 
Alors, je m'explique : imaginons un énoncé qui est fait en langue des signes directement, l'élève regarde la vidéo en langue des signes de l'énoncé, il accède directement à la compréhension de ce qui est demandé et il se plonge directement dans l'apprentissage mathématique.

Journaliste : Concrètement, comment ça se traduit en classe ?
Charles Edouard Saint-Léon : Ce que j'ai expérimenté en classe, c'est de projeter un énoncé mathématique en langue des signes avec des supports visuels, les élèves regardent ce qui est demandé, ils ont bien sûr l'énoncé en français écrit en parallèle, et ils résolvent l'exercice en prenant des notes. Et à la fin, ils peuvent, s’ils le souhaitent, exprimer leur réponse en langue des signes. 
Le fait d'avoir un énoncé en langue des signes enlève une barrière dans un premier temps, et permet aux élèves de savoir directement ce qu'on leur demande. Et de faire des maths tout de suite avant de faire du français.

Journaliste : Quelles ont été les réactions des élèves alors ?
Charles Edouard Saint-Léon : J'ai été assez surpris, dans une classe de collège, de 4ème, à côté de Toulouse, il y avait 12 élèves sourds dans la classe, on leur a distribué un énoncé sur les équations à l'écrit et donc, on les a observés quelques minutes essayer de déchiffrer l'énoncé. Ils ont levé la main pour poser des questions pour connaître la signification de certains mots. 
Et puis, on a ensuite projeté la traduction de cet énoncé en langue des signes sur support vidéo, avec incrustation d'images. Et là, il y a un élève qui commence à s'agiter : avec la main droite, il faisait un signe qui correspond à « je comprends, je comprends, je comprends ». 
Il n’arrêtait pas de répéter ça : « je comprends, je comprends, je comprends, je comprends ! ». Et dès que la vidéo s'est arrêtée, il a bondi de joie en quelque sorte. Il s'est adressé à moi en disant « merci, merci, merci ! » parce que j'étais dans la classe et je filmais à ce moment-là. Et 2 autres élèves, qui étaient à côté de lui, ont fait pareil « bien, bien, super, merci, merci beaucoup ! ». Et d'autres élèves au fond de la classe ont eux levé le pouce en l'air pour dire « c'est bien ». 
Ça m'a fait plaisir parce que j'ai vu que c'était un soulagement pour eux d'accéder directement à ce qui était demandé, ils ont compris ce qui était demandé, donc maintenant il fallait comprendre comment faire le problème mathématique, mais c'est justement ça l'apprentissage qu'on visait immédiatement. 
Alors bien sûr il y a d'autres élèves qui n'ont pas trop réagi, ils ont regardé, ils ont même regardé les images lorsqu'on a projeté à nouveau la vidéo en boucle, certains élèves ont du mal de toute manière avec les mathématiques. Donc la vidéo ne remplace pas l'apprentissage mathématique, il y a besoin du professeur, bien sûr, qui les guide. Mais en tout cas, j'étais vraiment heureux de voir que ça soulageait certains élèves.

Journaliste : Et pour les professeurs, qu'est-ce que ça change ?
Charles Edouard Saint-Léon : Il y a un travail de collaboration fait avec ces professeurs en amont de cette projection. Ils m'ont aidé à concevoir la vidéo, il y a eu des corrections et déjà là, ils étaient assez enthousiastes. Ça leur a permis aussi de s'apercevoir de la facilitation qu'il peut y avoir avec ce genre de vidéos : on peut mettre sur pause, on peut rembobiner. Mais bien sûr, l'enseignant garde une place centrale pour l'apprentissage ensuite pendant l'activité.

Journaliste : L'IREM de Paris a reçu le Prix Chercheur en Actes 2022, dans la catégorie Handicap et scolarité inclusive, pour cette expérimentation justement, comment avez-vous vécu ce Prix ?
Charles Edouard Saint-Léon : Alors je vais citer une collègue qui va le dire mieux que moi, qui a dit : « ça fait du bien d'avoir de la reconnaissance pour son travail ». En fait, j'étais assez content de la valorisation de ce projet. Ça veut dire qu'il y a des professionnels dans le conseil scientifique de l'Éducation nationale qui se sont penchés sur cette expérimentation, sur le rapport de 62 pages que j'ai fait, qui l'ont distingué parce qu'ils ont estimé que ça a du sens.

Journaliste : Et j'imagine que ça donne de l'espoir aussi pour que ce soit davantage développé un peu partout ?
Charles Edouard Saint-Léon : C'est l'objectif. Bien sûr, tout se fait en collaboration avec les professeurs eux-mêmes. Je n'ai pas l'ambition de faire quelque chose de révolutionnaire. Simplement, d'apporter un appoint qui peut être utile. Donc je continue modestement, mais je souhaite passer le flambeau ensuite à un groupe plus structuré de professeurs de mathématiques sourds, qui auraient envie de poursuivre l'expérimentation.

Journaliste : Donc c'est un appel !
Charles Edouard Saint-Léon : En même temps oui, effectivement, oui.

Journaliste : Ce Prix, c'était dans la catégorie Handicap et scolarité inclusive, qu'est-ce que ça veut dire, pour vous, cette expression « scolarité inclusive » ?
Charles Edouard Saint-Léon : Alors je vois deux choses. D'abord, le contraste avec d'autres pays, où malheureusement il n'y a pas tant d'efforts fournis pour l'inclusion des élèves. C'est vrai qu'aujourd'hui en France, il y a beaucoup de lacunes, encore, mais on est quand même en avance par rapport à d'autres pays. Et la deuxième chose que je vois, c'est la charge qui repose sur les épaules de l'enseignant. 
À l'INSPE, je vois des stagiaires qui sont en classe, qui enseignent pour la première fois et qui ont plusieurs élèves à besoins éducatifs particuliers dans leur classe. Alors c'est très bien de commencer comme ça dans le sens où déjà ils s'exercent à s'adapter à des cas particuliers, mais c'est une charge difficile pour un enseignant débutant, aussi pour des enseignants expérimentés qui n'ont pas forcément l'habitude de s'adapter à des élèves à besoins éducatifs particuliers, donc c'est à la fois la scolarité inclusive quelque chose de beau que l'on fait ici, mais c'est une charge importante pour l'enseignant, et heureusement qu'il y a des équipes qui sont vraiment motivées pour pouvoir soulager les efforts des enseignants.

Journaliste : Ce podcast s'appelle Aujourd'hui pour Demain, alors une dernière question : que souhaitez-vous aujourd'hui pour demain ?
Charles Edouard Saint-Léon : Alors je parle en tant que professeur de mathématiques qui parle en langue des signes, je souhaite non seulement que les enseignants puissent trouver des ressources qui facilitent leurs pratiques enseignantes auprès de leur public sourd, je souhaite également que les mathématiques soient perçues comme une activité à part entière qui procure du plaisir, et qui participe à la formation intellectuelle de tous.

Journaliste : Merci beaucoup Charles-Edouard Saint-Léon !
Charles Edouard Saint-Léon : Merci à vous !

Journaliste :
Rendez-vous très bientôt pour un nouvel épisode d’Aujourd’hui pour Demain, le podcast des initiatives positives, proposé par GMF.
 

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Épisode 2 - Infirmière envers et contre tout

Dans cet épisode, GMF vous emmène à la rencontre Cindy Blondeau, infirmière malgré les épreuves.

Amputée de ses mains et de ses jambes suite à une grippe qui s’est surinfectée, elle a fait preuve d’une volonté exceptionnelle pour continuer à exercer son métier et à prendre soin de ses patients grâce à sa voix, et notamment via l’hypnose.

Journaliste :
Demain vous questionne : vous vous demandez comment répondre aux défis sociétaux et environnementaux, comment envisager une société plus humaine et plus inclusive.
Dans Aujourd’hui pour Demain, le podcast des initiatives positives proposé par GMF, partez à la rencontre de celles et ceux qui s’engagent et se mettent au service des autres.

Aujourd’hui, Cindy nous raconte comment elle a continué à exercer son métier d’infirmière, malgré les épreuves. Une volonté extraordinaire, qui nous envoie de bonnes ondes pour longtemps.


Cindy Blondieau:
Alors je m’appelle Cindy, j’ai 34 ans, j’ai un fils et une belle-fille, et j’habite près de Lille dans le nord de la France. J’étais infirmière au bloc opératoire, j’étais même en école d’IBODE, donc infirmière de bloc opératoire diplômée d’État. Quand j’ai eu une grippe qui s’est surinfectée, je me suis retrouvée amputée de mes mains et de mes jambes. Et du coup je me suis dit : « Comment rester infirmière, sans la technicité de mes doigts ? » J’ai eu recours à l’hypnose à titre personnel, et je me suis dit : « Après tout, ma voix n’a pas changé ! » C’est comme ça que je me suis dit que oui, finalement, tu as beau ne plus avoir tes mains, tu peux encore prendre soin des patients dont tu as la charge, avec ta voix.

Du coup je travaille avec des gens qui sont soit transplantés cardiaques, soit assistés cardiaques, et j’apprends soit aux patients à vivre avec leur machine cardiaque, soit à réaliser des examens qui sont plutôt sources d’angoisses et pour lesquels j’ai recours à l’hypnose. Donc il y a une hypnose vraiment à visée médicale, qui ne ressemble pas à ce qu’on peut voir à la télévision. Le but principal c’est la levée de l’anxiété, et éviter la douleur.

Quand j’ai été voir les ressources humaines de là où je travaillais, où je travaille toujours d’ailleurs, en disant : « Je pense que je peux revenir, je suis prête ! Si les experts m’autorisent à revenir, moi en tout cas, je m’en sens capable. Par contre, je ne veux pas être mise dans un placard… Faites-moi confiance ! » J’y suis un peu allée au culot. « J’ai plus de mains, mais je vais rester infirmière et vous allez voir, je vais faire des trucs. Je ne sais pas encore quoi, mais je pense que l’hypnose ça pourrait être bien, je ne sais pas auprès de quel service, ni auprès de quel public, mais d’abord le retour à l’emploi, l’hypnose, et ensuite on verra ! » Et ça s’est à peu près passé comme ça.

Déjà d’avoir la formation d’hypnose en septembre 2019, en retournant au travail en février 2018, c’était une grande chance, parce que les délais c’est plus de 5 ans d’attente. Mais pareil, j’ai écrit directement au directeur du DU, en lui disant que je m’ennuyais. Je lui ai expliqué qui j’étais, ce qui m’était arrivé, dans les grandes lignes. Et que je pensais que je pourrais rester infirmière grâce à l’hypnose, et j’ai eu une place tout de suite. Il m’a répondu en me disant qu’il m’attendait en septembre sur les bancs. Et j’ai été diplômée, précisément en octobre 2020.

Suite à la maladie que j’ai eue, j’ai des équipements spécifiques qui me permettent de conduire seule, notamment un déport des commandes derrière mon volant, qui se retrouvent accessibles à côté. Donc je me rends en agence où, même si GMF n’a pas de chargé de clientèle fixe, c’était régulièrement Fabienne qui me recevait. Et donc là elle me reçoit, je lui explique les adaptations de mon véhicule, et que de ce fait j’aimerais que, par exemple, en équipement il y en avait pour un tiers du prix d’un véhicule neuf, je voulais un remboursement pendant deux ans, à neuf, du véhicule. 
Je vais voir Fabienne qui me fait mon devis auto, elle m’explique un petit peu que malgré la spécificité de mon véhicule, il était assuré, et qu’elle va se renseigner au mieux pour les adaptations. Et c’est tout, je repars avec un devis, mais elle ne me parle pas du Fonds d’Entraide. C’est après notre entretien où, elle, elle va contacter le Fonds d’Entraide de l’agence. Et Albert me contacte par téléphone, le lendemain ou le surlendemain où j’ai rencontré Fabienne. Il me dit : « Écoutez, le Fonds d’Entraide est fait pour ça. 
Pour venir en aide aux sociétaires qui ont des besoins spécifiques à un moment donné. » Donc je ne saurais plus vous dire les délais, mais la commission se réunit, et Albert m’appelle pour me dire que la commission a répondu favorablement et qu’elle prend à ses frais tout l’équipement. Donc ça, ça représente quasiment 8 000 euros.

Que mon assureur, via le Fonds d’Entraide, m’aide dans mon retour en tant que conductrice à redevenir autonome, ce qui me permet de me rendre moi-même sur mon lieu de travail et pas via un taxi, je vous assure que c’est beaucoup d’émotions, vous ne pouvez qu'être touchée. Je ne pleure pas facilement, mais j’ai eu les larmes aux yeux, mais de joie !

D’habitude, via mon métier, c’est moi qui aide les gens, et là, d’être aidée par GMF, j’avais envie de m’investir. Donc quand Albert m’a proposé de faire partie du comité de Montebello, je ne pouvais pas dire non, ni quand il m’a proposé d’être candidate pour devenir déléguée.

Ce que je souhaite aujourd’hui pour demain, ce serait notamment que les regards changent. Parfois la personne que vous avez en face de vous peut vous paraître plus fragile que vous, et pour autant elle peut vous apporter bien plus que vous ne pouvez imaginer. Et c’est exactement ce qui se passe dans mon métier. Quand je rencontre quelqu’un la première fois, souvent ils doivent se dire : « Mais qu’est-ce qu’elle va pouvoir m’apporter ? Elle a l’air plus mal en point que moi ! » Et après quelques échanges avec mes patients, ils me disent : « Mais Cindy vous nous donnez une force ! » Aujourd’hui, par exemple, je pense à mes enfants, je sais que dans leur manière de voir l’autre, ils ne jugent pas ce qu’ils regardent, ce qu’ils voient. Donc aujourd’hui pour demain, si les regards devaient changer, c’est de faire confiance à l’autre, sans jugement négatif sur ce qu’on peut voir.

Journaliste :
Rendez-vous très bientôt pour un nouvel épisode d’Aujourd’hui pour Demain, le podcast des initiatives positives, proposé par GMF.
 

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Épisode 1 - Pour une meilleure inclusion des personnes autistes

Dans ce premier épisode, GMF vous emmène à la rencontre de Jean-Pierre Battilana, Président de l’association La Bourguette, et Ramiro Riera, Président de GMF Solidarité - Fonds d’Entraide du Groupe GMF.

Les deux hommes nous présentent l’association, qui oeuvre pour les personnes autistes et leurs familles, évouent le soutien de GMF et les valeurs communes qui animent les deux structures, et soulignent la volonté de faire avancer la société vers l’inclusion et d’œuvrer au service de l’être humain.

Journaliste : 
Demain vous questionne : vous vous demandez comment répondre aux défis sociétaux et environnementaux, comment envisager une société plus humaine et plus inclusive.
Dans Aujourd’hui pour Demain, le podcast des initiatives positives proposé par GMF, partez à la rencontre de celles et ceux qui s’engagent et se mettent au service des autres.

Journaliste : Aujourd’hui, nous sommes en compagnie de Jean-Pierre Battilana et Ramiro Riera pour parler du soutien apporté par le Fonds d’Entraide du Groupe GMF, à l’association La Bourguette.
Jean-Pierre Battilana : Bonjour
Ramiro Riera : Bonjour

Journaliste : Pour commencer, pouvez-vous l’un et l’autre vous présenter en quelques mots ?
Ramiro Riera : Ramiro Riera, je suis Président du Fonds d’Entraide du Groupe GMF, Vice-Président de l’Association Nationale des Sociétaires de GMF, je suis également administrateur de l’UGM Unéopôle, j’ai terminé ma carrière comme chef de l’inspection générale de l’administration. Je suis ce que j’appelle un faux retraité.

Journaliste : À vous Jean-Pierre !
Jean-Pierre Battilana : Je suis Jean-Pierre Battilana, j’ai été pendant 23 ans président de La Bourguette, je m’en suis occupé en tant qu’administrateur d'abord, ensuite comme président. Je suis médecin de formation, j’ai une fille, Emilie, qui est autiste de 44 ans, qui est à La Bourguette depuis une trentaine d’années, c’est elle qui m’a conduit à rentrer dans le conseil d’administration, et après en devenir le président, avec tout le bonheur que ça a pu m’apporter.

Journaliste :  Est-ce que vous pouvez nous présenter La Bourguette, nous raconter à quoi œuvre cette association ?
Jean-Pierre Battilana : La Bourguette aura 50 ans l’année prochaine, elle a été créée en 1973 par des parents qui étaient confrontés à l’absence d’institutions pour accompagner leurs enfants qui étaient des personnes autistes. Donc ils ont créé un premier institut médico-éducatif qui est pour les enfants, sur le site de La Tour-d’Aigues. 
Ensuite, leurs enfants ayant grandi, ils ont créé un centre d’aide par le travail, pour que les enfants puissent travailler un petit peu et s’intégrer dans la société, c’était le but de l’association. Et puis l’association s’est développée dans le temps, aujourd’hui elle représente 11 établissements, elle est implantée sur 3 départements : Var, Vaucluse et Bouches-du-Rhône, son siège est à La Tour-d’Aigues, elle a 220 usagés, 350 salariés, et un budget entre 18 et 19 millions d’euros.

Journaliste : J’imagine que La Bourguette répond à un manque d’institutions pour accueillir les personnes autistes.
Jean-Pierre Battilana : Je crois qu’en France il n’y a que deux associations spécifiquement pour l’autisme comme La Bourguette, en fait il n’y en a pas beaucoup, et dans le cadre des CAT, des centres d’aide par le travail, il y en a très peu aussi, spécifiquement pour cela. C’est vrai qu’il y a un manque criant de place, c’est pour ça que l'État crée plusieurs plans autisme depuis une dizaine d’années, pour rattraper le retard au niveau de la prise en charge. Il faut savoir qu’aujourd’hui, il y a 600 personnes handicapées, autisme et autres handicaps confondus, qui émigrent en Belgique, chaque année.

Journaliste : Qu’est-ce que vous avez en commun, entre le Fonds d’Entraide du Groupe GMF, et l’association La Bourguette ? Qu’est-ce qui vous rassemble ?
Ramiro Riera : Les valeurs humanistes, la volonté d'œuvrer au service de l'être humain.
Jean-Pierre Battilana : C’est un souci de faire avancer la société ensemble, vers une société plus inclusive, effectivement à travers des valeurs humanistes aussi, GMF a bien compris notre projet, a bien compris comment il fallait nous accompagner et comment elle pouvait contribuer financièrement et moralement, à nous aider à faire ce travail, qui est parfois difficile, mais qui donne de très bons résultats grâce à eux.

Journaliste : À quel moment le Fonds d’Entraide a commencé à soutenir La Bourguette ?
Ramiro Riera : Il a commencé à la soutenir financièrement à partir de l’année 2006, en intervenant financièrement pour la réalisation d’une série d'aménagements, de travaux et en particulier pour la création d’une salle dédiée aux arts du cirque, qui sur le plan médical a une importance assez marquée, assez forte.

Journaliste :  Est-ce que vous voulez en dire un mot, Jean-Pierre, peut-être de cette salle ?
Jean-Pierre Battilana : L’école de cirque est un élément important de notre projet associatif, cette école est ouverte aux enfants environnants, dans tous les villages près de La Bourguette. Et donc il y a un échange qui se fait. La phrase d’origine de la création de La Bourguette c’est : « Vous qui êtes à l’écart du monde, devenez les plus proches voisins de tous. » 
C’est comme ça que s’est développée l’association, avec ce côté très humain, et donc le cirque va bien dans ce sens, la mixité se fait de manière complètement naturelle, et ce qui nous a permis aussi d’avoir à résidence un cirque, qui s’occupe du chapiteau lui-même, qui fait des représentations, et qui, en échange, donne des cours de cirque aux enfants de La Bourguette et aux enfants des écoles. Donc c’est un projet qui a été très fédérateur, et un projet qui a fait plaisir à tout le monde, dans l'environnement social de La Bourguette.

Journaliste : Plus globalement, comment est-ce que le Fonds d’Entraide est un soutien pour l’association ?
Jean-Pierre Battilana : Il est un soutien bien sûr financier, c’est important, mais il est aussi un soutien moral en fait, puisqu’il nous soutient depuis longtemps, depuis 2006. Donc ça va faire bientôt 15 ans qu’il est auprès de nous. Et cette fidélité en l’accompagnement est un point important pour communiquer, c’est-à-dire que GMF nous soutient depuis longtemps et partage les mêmes valeurs que nous, ces valeurs humanistes que disait monsieur tout à l’heure, et les valeurs de partage, de voisinage, d’intégration sociale qui est aujourd’hui très à la mode. 
C’est ça qui est important pour nous. C’est la fidélité qu’ils ont avec nous, en plus de l’image qu’ils portent de La Bourguette, en interne de chez eux, et aussi en dehors quand ils en parlent, c’est ça qui fait que le partenariat est fidèle et dure depuis longtemps.

Journaliste : Ramiro, comment est-ce que vous, vous percevez ça ? Est-ce que vous vous retrouvez dans ce que dit Jean-Pierre ?
Ramiro Riera : Alors quand j’interviens au nom du Fonds d’Entraide, j’interviens au nom de l’ensemble des sociétaires de GMF. C'est-à-dire que chaque sociétaire qui paye une cotisation qui est reversée au Fonds d’Entraide, chaque sociétaire est un acteur de cette entraide et je voulais le souligner.

Journaliste : Si j’ai bien compris, en revanche, on n’a pas besoin d’être sociétaire pour bénéficier du Fonds d’Entraide ?
Ramiro Riera : Non, il faut, pour bénéficier du Fonds d’Entraide, il y a d’une part les sociétaires, d’autre part ceux qui seront demain les assurés, la sauvegarde, qui ne seront plus des mutualistes, il y a des personnes physiques, c’est-à-dire des non-sociétaires, et des non-adhérents à La Bourguette, et puis il y a des personnes morales.

Journaliste : Et à titre personnel, quels sont les grands moments qui vous ont marqué ?
Jean-Pierre Battilana : Ce qui était marquant pour nous effectivement, c’était la visite chaque fois sur place des personnes qui s’occupaient de GMF, on pouvait leur montrer ce qu’on était, ce qu’on faisait, et c'est vrai que les lieux de La Bourguette sont toujours des lieux très beaux, parce que ce sont toujours des anciennes fermes en pleine campagne, pas loin des villages, et surtout comme dit monsieur, sans porte et sans barrière. C’est ça qui est important, je crois que ça marque les gens de se rendre compte qu’on peut soutenir les autistes sans pour autant les enfermer avec des digicodes, etc. Pour nous, c’est important de pouvoir montrer cette démarche, et donc ces visites régulières de GMF sur les sites qu’ils ont accompagnés, c’est ça qui ont été les faits marquants.

Journaliste : Ramiro, est-ce que vous vous souvenez de votre première visite justement ?
Ramiro Riera : Moi ma première visite à La Bourguette, c’était en 2016 ou 2017, je venais d’être élu Président du Fonds d’Entraide du Groupe GMF. Je me suis retrouvé dans la verdure, on m’a montré le petit jardin qui était derrière et à l’époque, on élevait quelques animaux… il y avait quelque chose… il devait y avoir des chevaux, non c’est ça ?
Jean-Pierre Battilana : C’est exact !
Ramiro Riera : Et ensuite, tout ce rassemblement d’humains, plein d’humanité, qui s’est retrouvé aux côtés de la cuisine une fois la visite terminée. Mais je l’ai vécu à plusieurs reprises sur plusieurs sujets. Quand vous allez au centre de Kerpape, vous ressortez marqué par votre visite, et là je l’ai été également.

Journaliste : Jean-Pierre, vous avez peut-être un autre moment important en tête ?
Jean-Pierre Battilana : Oui, dans l’ESAT où travaillent les autistes, on a une auberge à la ferme, où les autistes travaillent et produisent de la cuisine, on fait du vin, de l’huile d’olive, des fromages, on produit des légumes… Et il y a trois jours, ça s’appelle le Réal des Saveurs, où des chefs étoilés de la Région, avec qui on est partenaires, viennent préparer avec les travailleurs de l’ESAT, un menu gastronomique, et ensuite pendant trois jours, ce repas est préparé et servi, en collaboration entre les chefs et les travailleurs de l’ESAT, à tout un public qui vient. 
Et GMF a souvent participé aussi, et donc il y a toujours ce partage qui fait que les gens viennent nous voir non pas parce qu’il y a ces handicapés qu’il faut aider, mais parce qu’ils travaillent avec eux, et que le lien par le travail est très important.

Journaliste : Une dernière question, qui n’est pas sans rappeler le nom de ce podcast, que souhaitez-vous aujourd’hui pour demain ?
Ramiro Riera : C’est clair, continuer, continuer à œuvrer avec l’association La Bourguette, être universaliste, être humaniste au maximum.
Jean-Pierre Battilana : Ce que je souhaite aujourd’hui, c’est qu’on reste tel qu’on est, qu’on garde notre image, notre projet, notre envie d’avancer telle qu’elle est présente aujourd’hui. Et pour demain, que l’association ait les moyens d’encore se développer pour répondre aux besoins dont on a parlé au début, qui sont manquants. Pour aider aussi beaucoup les parents, les familles, les accompagnants, puisque les familles sont souvent en très grande souffrance, avec des personnes ayant ce type de handicap, et que donc on puisse continuer à développer ce projet humaniste, ce projet ouvert sur la société, et que GMF continue à nous accompagner aussi pendant longtemps, pour qu’on puisse ensemble faire encore bénéficier à beaucoup de personnes, le beau projet qu’on a mis en place depuis 50 ans.


Journaliste : 

Merci Ramiro Riera et Jean-Pierre Battilana pour cet échange.
Rendez-vous très bientôt pour un nouvel épisode d’Aujourd’hui pour Demain, le podcast des initiatives positives, proposé par GMF.

 

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