Carte bancaire piratée, ordre de virement frauduleux, fraude à la remise de chèque… Même si le nombre de fraudes aux moyens de paiement tend à diminuer, les fraudeurs utilisent des méthodes toujours plus élaborées. Les arnaques par téléphone ont récemment pris de l’ampleur par exemple. Bernard Henry, Commandant Divisionnaire Fonctionnel, Chef adjoint de la Brigade des fraudes aux moyens de paiement (BFMP), nous explique.
Bernard Henry : Nos enquêteurs sont de plus en plus spécialisés et nous commençons à avoir de bons résultats. Néanmoins, il faut rester vigilant, car les fraudeurs rivalisent d’imagination pour trouver des failles.
B. H. : La technologie a fait d’importants progrès. Les banques ont renforcé leurs mesures de sécurité avec des systèmes de triple vérification d’identité qui rendent difficile la fraude à la carte bancaire. La police fait aussi de la prévention auprès des citoyens et des banques pour les informer des escroqueries en cours. Mais cela reste insuffisant : l’arnaque aux faux ordres de virement, par exemple, existe depuis plus de vingt ans !
B. H. : Les arnaques par téléphone, appel ou SMS ont récemment pris de l’ampleur. Pour contourner les mesures de sécurité des banques, les fraudeurs jouent sur des ressorts psychologiques et amènent leurs victimes à communiquer des informations (codes confidentiels) pour ensuite utiliser frauduleusement leur carte. Le skimming a fait aussi son retour. Cette pratique consiste à pirater les cartes bancaires lors du passage dans les distributeurs automatiques de billets ou dans les stations essence automatisées. Les fraudes aux faux ordres de virement restent également très fréquentes. Fraude au président*, fraude au changement de RIB… Ces escroqueries poussent des salariés ou des notaires à effectuer des virements sur un compte frauduleux, en usurpant l’identité du véritable créancier. La fraude sur le chèque est aussi très présente, car il est le moyen de paiement le plus facile à détourner.
« Les arnaques par téléphone, appel ou SMS ont récemment pris de l’ampleur »
B. H. : Qu’il s’agisse d’un SMS concernant votre compte formation, la vignette Crit’Air, le paiement d’une amende, une livraison ou d’un appel d’une personne qui prétend être votre banquier, ne communiquez ni votre numéro de carte ni vos identifiants d’accès à votre banque en ligne. Jamais votre banque ni une autorité administrative ne vous les demandera. Dans le cadre d’un changement de RIB, appelez votre interlocuteur au préalable pour des vérifications. Enfin, consultez régulièrement vos comptes.
B. H. : Si vous constatez un paiement suspect, contactez d’abord votre banque et faites si besoin opposition à votre carte bancaire. Puis, déclarez la fraude aux forces de l’ordre (police ou gendarmerie) à l’aide du téléservice Perceval ou en portant plainte.
*La fraude au président consiste à usurper l’identité d’un dirigeant d’entreprise afin de convaincre un salarié d’effectuer un faux ordre de virement.
Aujourd’hui, acheter en ligne est un acte ordinaire pour de nombreux individus. Si dans la plupart des cas les achats sur Internet se déroulent sans incident, certains vendeurs malveillants en profitent pour pirater votre carte bancaire et réaliser à votre insu des opérations frauduleuses. De la vérification du site Internet et de l’identité du vendeur au choix d’un moyen de paiement sécurisé, il existe des bonnes pratiques essentielles pour éviter les arnaques.
Si les transactions sont en augmentation entre 2020 et 2021…
… la fraude est en repli
Top 3 des moyens de paiement les plus fraudés
Le bilan positif de l’authentification forte
Source : Rapport annuel 2021 de l’Observatoire de la Sécurité des Moyens de Paiement (OSMP) de la Banque de France
Vous n’êtes pas obligé de souscrire une assurance pour vos moyens de paiement. Néanmoins, les contrats proposés vous couvrent notamment en cas de perte et de vol, voire d’utilisation frauduleuse de l’un de vos moyens de paiement. Vous pourrez alors être remboursé des sommes débitées sur votre compte bancaire qui ne seraient pas prises en charge par votre banque dans le cadre de son obligation légale. Souscrire une assurance pour vos moyens de paiement n’est donc pas obligatoire mais fortement conseillé !
Vous devez informer immédiatement votre banque de la fraude. Dans le cadre d’une fraude à la carte bancaire, le délai de contestation est de 13 mois après la date de débit si l’établissement du bénéficiaire se situe à l’intérieur de l’Union européenne (UE). Il est de 70 jours pour les opérations hors UE. Votre banque doit vous rembourser les sommes débitées et les éventuels agios. Vous pourrez dans certains cas supporter une franchise de 50 euros.
Si vous avez effectué un achat en ligne par carte bancaire auprès d’un professionnel qui n’a pas tenu ses engagements, vous pouvez être remboursé gratuitement par la procédure de rétrofacturation. Cette pratique également appelée chargeback est proposée aux banques par les sociétés de cartes bancaires (CB, VISA, Mastercard…). Pour demander un remboursement via la rétrofacturation, contactez dans un premier temps votre banque, puis, en cas de non-réponse de celle-ci, le service client de la marque de votre carte.
Sources :
https://www.economie.gouv.fr/cedef/chargeback-retrofacturation
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