Cyril Lambert, CRS nageur sauveteur : l’eau, la vie

Photo d'une plage avec un panneau "limite de la Baignade" et un CRS sur son perchoir

Cyril Lambert, ancien champion de natation devenu policier, met chaque été toutes ses compétences au service des vacanciers. Pourquoi avoir choisi ce métier ? Comment y être parvenu ? Quel est son quotidien en période estivale ? On plonge avec lui dans le grand bain…

Mission d'été

Tandis que bon nombre de Français sont en congés, Cyril Lambert, lui, est au Poste de Secours à la plage de Lège-Cap-Ferret (33). Pendant les deux mois d’été, il délaisse casque, bouclier et tenue réglementaire pour les missions dites de « maintien de l’ordre », pour le t-shirt et maillot bleus du CRS nageur sauveteur.

Un nageur émérite

La tenue de CRS nageur sauveteur, il l’affectionne particulièrement. Sacré champion d’Europe de natation en 2001, champion de France en Nationale 2, il a aussi nagé en National 1, et fait partie de l’équipe de natation Police. « J’ai passé le concours pour intégrer la Police, alors que je suivais des études de Staps - Sciences et techniques des activités physiques et sportive - pour devenir professeur d’éducation physique. J’ai eu ce concours et j’ai très vite décider d’intégrer les CRS car nous avions la possibilité de travailler en milieu naturel dans des postes de secours. J’ai la chance de pouvoir allier ma passion et mon métier ». Bref, vous l’aurez compris, Cyril préfère le crawl au trail…
 

Sauver des vies vaut tous les sacrifices

Quel rôle joue Cyril sur les plages ? Il conseille techniquement le maire, surveille les plans d’eau, verbalise les délits, veille à la sécurité des personnes et des biens et rappelle les règles de prévention. Et cela, six jours sur sept, de 9 h à 2O h.
« La journée commence par un footing » détaille-t-il, lui qui est également référent national des nageurs sauveteurs CRS du syndicat UNA Police et formateur depuis quatre ans. « Puis, nous allons dans l’eau pour déterminer la zone de baignade, qui peut changer d’un jour à l’autre, même d’une heure à une autre, suivant les courants ». En effet, là où Cyril prend ses quartiers d’été, en Gironde, il y a des baïnes, ces cavités où se forment des courants dangereux une fois celles-ci immergées. Un phénomène naturel qui nécessite une attention de tous les instants et cela même en dehors des heures de surveillance. « C’était dans les années 2010, à Lacanau » se souvient-il, « le Poste de secours était fermé depuis deux bonnes heures mais nous y étions restés pour boire un verre, et c’est là que nous avons aperçu dans l’eau au loin, deux points noirs. J’ai pris les jumelles : c’était deux enfants en difficulté. Leur tante, restée sur la plage pendant ce temps-là, ne s’était aperçue de rien. Immédiatement, nous sommes intervenus. Ils ont été amenés d’urgence à l’hôpital par hélicoptère ». Heureux, il nous raconte ensuite que « depuis, [ils reçoivent] tous les ans une carte postale sur laquelle est écrit : “merci de nous avoir permis de vivre une année supplémentaire” ».
Il arrive aussi malheureusement que les histoires ne se terminent pas aussi bien, comme celle de cette jeune fille décédée après avoir été ensevelie dans un trou de sable. « Il ne faut pas creuser profondément dans le sable » met en garde le sauveteur « un enfant peut tomber dedans et les parois s’écroulent et se referment sur lui ». Sauver des vies, voilà donc une des raisons qui pousse Cyril Lambert à sacrifier depuis vingt ans ses vacances d’été, au grand dam de son épouse et de leurs deux enfants Ninon, 8 ans et Robin, 3 ans.
 

Redorer l’image des CRS 

Autres satisfactions : « Les missions peuvent être très difficiles au quotidien. Il y a certes du stress avec l’enjeu de sauver des vies mais il n’existe aucune tension dans les relations humaines comme cela peut être le cas en intervention le reste de l’année ». Sans oublier que cela contribue à redorer le blason du CRS, trop souvent stigmatisé pour son rôle répressif. « Sur les plages, nous sommes au contact des gens, dans la prévention ».
Cyril souhaite faire passer un message aux vacanciers : « Qu’ils n’hésitent pas à venir nous voir, à nous poser des questions. Nous serons ravis de les aider et pourquoi pas, susciter des vocations », car pour lui, « c’est vraiment un beau métier », qui vaut la peine de sacrifier tous ses étés. On ressent même chez lui un besoin viscéral d’être là année après année. « Un jour, je passerai sans doute la main » assure-t-il avant de confesser en souriant « mais là, je n’y arrive pas ».
 

Comment devenir CRS nageur sauveteur ?

Il faut suivre le cursus d’un an à l’École de Police, à l’issue duquel, suivant son classement, on peut demander à intégrer le corps des CRS. La spécialisation nageur sauveteur se fait par la suite, avant une formation de huit semaines en secourisme, nautisme… et une semaine en milieu naturel. Les stagiaires passent alors le SSA Littoral, le certificat de Surveillance et de sauvetage aquatique en milieu naturel, et le BNSSA, Brevet national de sécurité et du sauvetage aquatique.
À noter que les CRS nageurs sauveteurs sont testés tous les ans. Suivant leurs performances, ils choisissent leur commune d’affectation.
 

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