Jusqu’alors peu ancré dans la culture des fonctionnaires, le travail à distance a vu ses conditions assouplies le 6 mai dernier par décret. Un aménagement qui devrait donner un vrai coup d’accélérateur à cette pratique, encouragée par le gouvernement dans le contexte de crise sanitaire.
Un texte tombé à point nommé ! Le 6 mai 2020 dernier, quelques jours avant la fin du premier confinement, le gouvernement publiait un projet de décret assouplissant les conditions du télétravail dans les trois fonctions publiques (territoriale, hospitalière et d’État). Une évolution très attendue. Car si l’administration permettait déjà à ses agents de télétravailler jusqu’à trois jours par semaine, il fallait jusque-là s’y prendre très en amont. Notamment en définissant un an à l’avance, avec sa hiérarchie, les jours de télétravail souhaités, leur nombre et leur régularité. Un dispositif rigide et mal connu en interne, qui demeurait dans les faits rarement mis en œuvre.
Le précédent du confinement
Et puis, il y a eu la crise sanitaire. Expérimenté dans l’urgence, parfois de manière assez chaotique au moment du confinement, le télétravail a finalement été mis en pratique pour près d’un agent de l’État sur deux, selon une enquête de l'institut BVA pour la Casden Banque Populaire. Pas si mal donc. D’autant que selon l’enquête menée par l’Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (Anact) au printemps, 86 % des agents publics souhaitaient pouvoir continuer à télétravailler après le confinement. Parmi les avantages les plus souvent cités ? L’augmentation de leur productivité, l’amélioration de leur qualité de vie personnelle et la réduction du stress dû aux transports.
Des conditions plus souples… pour tous !
C’est dans ce contexte qu’a été publié le décret du 6 mai au Journal officiel. Ses apports ? La possibilité de bénéficier d’un volume de jours de télétravail « flottants », c’est-à-dire sans devoir préciser à l’avance quels seront ces jours. Autre nouveauté : l’opportunité de télétravailler en cas de difficultés ponctuelles (grèves, conditions météo difficiles, maladie, confinement, etc.), sans limite de temps. En cas de recours ponctuel au télétravail, l’agent peut par ailleurs déroger à la règle d’une présence de deux jours par semaine minimum sur son lieu de travail. Et donc remplir sa mission toute la semaine à son domicile s’il le souhaite. Seule limite pour bénéficier de ces nouveautés : en faire la demande à son supérieur direct, tout simplement. Enfin, les fonctionnaires peuvent désormais choisir de télétravailler d’où ils veulent : maison, bureau individuel, espace de coworking… à condition de prendre eux-mêmes en charge le coût de location de l’espace de télétravail.
Reste le problème de l’équipement
Parce que des blocages demeurent localement, quelque 200 millions d’euros seront en outre mobilisés dans le cadre du plan de relance afin d’aller plus loin, et notamment régler les problèmes d’équipement en matériel informatique des agents de l’Etat, a fait savoir la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Amélie de Montchalin, quelques jours avant le reconfinement. Une enveloppe de 90 millions d’euros a également été débloquée pour aider les collectivités locales. Enfin, une négociation sur le télétravail, semblable à celle menée dans le privé, devrait s’entamer début 2021. Si le télétravail « cinq jours sur cinq », préconisé par Jean Castex à la veille du reconfinement, est loin d’être une généralité dans la fonction publique, il a désormais tout pour s’y développer.
200 millions d’euros
C’est la somme promise par le ministère de la Transformation et de la Fonction publiques afin d’améliorer les postes des agents en télétravail : prêt de matériel informatique, développement de logiciels, etc. (source : AEF info, 12 octobre 2020)
42 %
C’est la somme promise par le ministère de la Transformation et de la Fonction publiques afin d’améliorer les postes des agents en télétravail : prêt de matériel informatique, développement de logiciels, etc. (source : AEF info, 12 octobre 2020)
70 %
C’est le pourcentage d’agents publics en télétravail ayant perçu cette expérience comme « plutôt enrichissante » (source : sondage BVA/ CASDEN Banque Populaire, 23 juin 2020)
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